Gros choc de ce premier trimestre 2022, It’s Happening Now devrait logiquement révéler en France le talent musical hors norme du jeune acteur belge Thomas Mustin, sous le nom de scène de Mustii. Nous lui avons parlé avant son premier concert en France, à la Boule Noire…
Benzine : Ton album a été un véritable choc pour nous, à la première écoute. Comme si on avait perdu l’habitude d’écouter ce genre de Rock, une musique qui, dans les années 80, parlait au monde entier…
Thomas : Je sais, ma musique n’est pas du tout « hype », à la mode, pas du tout « stratégique », mais je fais ce que j’ai envie de faire ! Ce sont mes références, ce Rock-là. Ceci posé, il faut que ça reste moderne, contemporain. Il ne faut pas refaire exactement la même chose, bien entendu. Mais, en fait, en Belgique, il y a en ce moment un retour à l’électrique, à l’organique… On voit même la vague urban qui intègre désormais les codes du Rock…
Benzine : Tu es déjà célèbre en Belgique, mais en France, on a l’impression que personne n’a encore entendu parler de toi…
Thomas : Oui, le 19 avril, ce sera ma première date en France… On part de zéro, et il y a tout à faire en France… A partir de ce concert à la Boule Noire, qui va être notre point de départ… mais toute l’équipe est motivée !
Benzine : Tu as un profil clairement différent de celui du musicien Rock habituel…
Thomas : En gros, je ne me considère pas comme musicien. Mon rêve était de devenir acteur, alors que j’étais extrêmement réservé, très timide, pas bien dans ma peau ! Mes parents m’ont inscrit à un cours de théâtre, et ça m’a complètement ouvert : j’ai compris où je me sentais bien, ce qui faisais vraiment sens… Je savais enfin pourquoi j’étais là ! Comme je voulais vraiment être acteur, j’ai fait l’IAD (NDR : l’Institut des Arts de Diffusion), une école de théâtre en Belgique. J’en suis sorti à 21 ans, et j’ai tout de suite joué au théâtre, dans des séries, dans des films…
Benzine : … et la musique, alors, comment c’est venu ?
Thomas : Pour moi, la musique est une filiation de « l’acting », je me sers des trucs que j’ai appris au théâtre. J’ai fondé mon premier groupe alors que je jouais sur scène, et j’ai eu un choc quand je me suis rendu compte de combien jouer sur scène était plus frontal qu’au théâtre. Le live, c’est vraiment l’excitation, l’adrénaline.
J’avais commencé à l’époque à jouer sur les synthés de mon colocataire, sans aucune arrière-pensée. Instinctivement, j’ai commencé comme un bricoleur, à composer : j’ai créé une centaine de démos… que j’utilise toujours d’ailleurs ! Et je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose avec ces démos, et donc il fallait rencontrer des musiciens…
Mon premier groupe s’appelait Seek the Duke, une référence à Bowie, dont je suis le fan boy de base (rires). Mais je suis vite venu au solo, parce que j’aime bien le concept que le public s’identifie à une seule personne : mon idée était justement de créer un personnage, comme le faisait Bowie. Et puis, être en solo, cela m’évitait aussi de m’éparpiller, je voulais être focalisé !
Benzine : Et le succès est venu…
Thomas : Oui, ça a pas mal pris en Belgique, j’ai une grosse fan base maintenant. Mais le projet Mustii évolue à travers le live, il y a quelque chose de très physique, il y a quelque chose de l’ordre de la performance…
Mustii – It’s Happening Now : vous attendiez un miracle ? le voilà…
Benzine : Question inévitable, quelles sont tes influences ?
Thomas : Mon père est un gros mangeur de vinyle, il m’a fait écouter Jethro Tull, le Jefferson Airplane, les Rolling Stones, et puis je me suis ouvert aux années 80, des groupes comme Talk Talk, Tears for Fears, Depeche Mode (… en particulier pour le personnage de Dave Gahan), Iggy Pop, Grace Jones, David Sylvian, Scott Walker… J’aime les voix tendues, fragiles… Mais je peux écouter aussi bien Madonna que Einstürze Neubauten. Cela ne m’intéresse pas de faire la différence entre la musique qui serait commerciale, et celle qui est marginale.
En ce moment, j’écoute Thomas Azier, un musicien néerlandais. Et aussi la nouvelle scène anglaise, quelqu’un comme Sam Fender. Mais je suis très fan de Florence Welsh, qui est une grande prêtresse iconique !
Benzine : Ce qui frappe aussi avec ton nouvel album, It’s Happening Now, c’est que c’est presque un vrai concept album !
Thomas : Oui, je ne veux pas composer pour composer, il me faut une image mentale, un thème. Avec cet album, j’ai voulu extrapoler sur la Vie, à partir d’histoires individuelles…
Benzine : Et tes projets ?
Thomas : Bah, comme on a dit, en France, avec AEG on démarre un partenariat pour présenter ma musique à un nouveau public. L’idée est d’aller aussi au Nord de la Belgique, où je ne suis pas encore connu, et aussi aller vers l’Allemagne. En fait, partager l’album… D’abord, en avril, jouer dans des petites salles, des clubs, pour être en contact avec le public. Puis, sur la période Juin – Juillet – Août, être dans des festivals pour offrir des choses plus spectaculaires, plus grandiloquentes !
Benzine : Des films, des pièces ?
Thomas : Au cinéma, il y aura Vous n’aurez pas pas ma haine, d’après le livre, qui sortira avant fin 2022. En ce moment, on me voit en France dans la série TV l’île aux 30 cercueils. Et au théâtre, je joue dans Hamlet…
Benzine : Un programme bien rempli ! On se voit donc à la Boule Noire…
Thomas : Tu peux aussi venir à Bruxelles, le 8 juin à l’ancienne Belgique (rires).
Propos recueillis par Eric Debarnot
Le nouvel album de Mustii, It’s Happening Now, est disponible depuis le 21 janvier 2022.
Mustii sera en concert à la Boule Noire (Paris) le 19 avril.