Dans un format proche des films que Ne croyez surtout pas que je hurle et Retour à Reims (fragments), André Bonzel a rassemblé de vieux films de famille oubliés pour évoquer sa propre histoire. Un film plein de sincérité et de nostalgie.
André Bonzel, ce nom me dit peut-être pas grand-chose à la plupart des cinéphiles et plus particulièrement à la génération d’aujourd’hui, et pourtant cet homme né en 1961, âgé aujourd’hui de 60 ans est celui qui, en compagnie du regretté Rémy Belvaux, a filmé Benoît Poelvoorde dans le cultissime C’est arrivé près de chez vous, sorti en 1992 sur les écrans, quelques mois après avoir fait sensation au Festival de Cannes.
Depuis, Benoît Poelvoorde a fait la carrière que l’on connaît, Rémy Belvaux s’est suicidé il y 16, quant à André Bonzel, il n’a plus réalisé de film de cinéma jusqu’à ce documentaire intitulé Et j’aime à la fureur. C’est donc avec beaucoup de plaisir que l’on retrouve le réalisateur français pour un incroyable documentaire en forme d’autoportrait dans lequel il évoque sa famille proche ou lointaine, à travers des images d’archives qu’il a collectées tout au long de sa vie et dont une grande partie lui a été léguée par aïeul décédé vivant aux États-Unis. Dans un amas de vieilles bobines rapatriées par André Bonzel, il découvre, émerveillé, des images filmées lorsque, étant enfants, il allait avec sa famille et ses amis en vacances à Ambleteuse sur la Côte d’Opale.
À partir de ces fragments de films de vacances et d’autres images, il tente un autoportrait sensible et sincère, sans fausse pudeur, dans lequel il évoque son rapport aux femmes et au cinéma… deux sujets qui n’ont cessés mais le passionner depuis son enfance. Et à travers sa voix, à travers ses souvenirs plein de nostalgie et de moments oubliés, Bonzel signe un film universel, dans lequel chacun pourra y trouver une part de son enfance, une part de sa mémoire.
De son rapport avec son père pour lequel il n’avait aucun affection particulière, de ses anciennes petites amies jusqu’à la rencontre déterminante avec celle qui est aujourd’hui sa femme, le réalisateur n’a rien oublié et nous parle de tout ça de manière très limpide, sans fausse pudeur, avec malice et émotion et beaucoup de sincérité. Au fil des minutes, on se laisse porter sur une BO de Benjamin Biolay, par le flot incessant des images en noir et blanc et en couleurs, qu’elles datent d’avant-guerre ou des années 70 et 80, toutes reliés par un même fil rouge, celui qui consiste à filmer des moments de bonheur et que l’on a voulu immortaliser à travers l’œil de la caméra.
Benoit RICHARD