Voilà 15 ans que Konstantin Gropper nous souhaite un bon et prompt rétablissement. Ses souhaits, avec son dernier et très bel album, Amen, se sont désormais assortis de conseils optimistes pour nous aider à nous sortir de notre déprime. Nous sommes donc aller consulter le Docteur Gropper pour qu’il nous aide dans cette passe difficile…
Benzine : Bonjour Konstantin ! Où es-tu en ce moment ?
Konstantin : Eh bien, je suis à Mannheim, en train de me préparer pour notre tournée !
Benzine : Voilà presque 15 ans que tu as conquis le monde par surprise avec ton premier album, Rest Now, Weary Head ! Est-ce que tu peux revenir en arrière, et nous raconter ce qui s’est passé depuis ?
Konstantin : Oui, j’ai eu beaucoup de chance en effet de commencer aussi bien avec ce premier album ! Eh bien, j’en suis au sixième, la musique est devenue mon métier, et on dirait bien que les gens reviennent en demander ! (rire). En fait, depuis le début, j’ai conservé plus ou moins la même manière de travailler : j’écris mes chansons, je réalise une version démo du futur album en jouant de la guitare et de la basse, le reste étant fait par ordinateur. Ensuite mes musiciens transforment tout ça en vraie musique, une musique organique. Je travaille avec les mêmes musiciens depuis le début, ce qui est formidable : je ne voudrais pas être le centre d’attention, j’adore avoir un « big band » constitué d’amis et de gens de ma famille, et je ne voudrais pas jouer avec des musiciens professionnels dont je loue les services, des mercenaires…
Benzine : Amen, ton dernier album, semble extraordinairement positif à une époque où tout est plutôt déprimant autour de nous, avec la pandémie, la guerre…
Konstantin : D’abord, il y a un an, quand je l’ai écrit, on ne parlait pas de guerre… Mais je ne voulais pas faire un disque rempli de plaintes et de gémissements. Ça me fatigue. Et je ne suis pas une personne mélancolique, je me suis découvert plus optimiste que je le pensais… Je pense que l’optimisme et l’espoir ne doivent pas être exclusivement liés à la spiritualité, et qu’il ne faut pas les qualifier de naïveté. Je voulais donner de l’espoir aux athées ! « Amen » est un mot de combat. Ce titre signifie que je prends l’espoir du monde spirituel et je l’apporte au monde matériel, rationnel.
Je suis optimiste car sinon, je ne serais pas capable de travailler dans la musique et dans l’Art, j’ai toujours ressenti fortement la présence des gens « cool »…
Benzine : Tu vas venir jouer à Paris bientôt. Quelle est ton approche de l’interprétation live d’une musique qui est plutôt complexe et ambitieuse ?
Konstantin : Je ne suis pas bien placé pour juger de la qualité de ma musique sur scène. Mais le live n’a pas à sonner comme l’album. Et avec ma musique, est-ce que c’est vraiment possible ? Ceci dit, avec Amen, c’est plus facile, ça ressemble plus à un album de Rock, donc on fera quelque chose qui sera plus un concert de Rock normal, basé sur l’énergie. Être entouré de musiciens que je connais depuis longtemps sur scène me permet de dégager beaucoup d’énergie.
Benzine : Peux-tu nous explique cette pochette, qu’on a vue interprétée de bien des façons différentes ?
Konstantin : C’est une borne kilométrique, aux Philippines, qui est un pays très catholique, avec ces couleurs très caractéristiques… C’est un ami à moi, un photographe viennois, qui a pris la photo. Chaque borne portait une citation de la Bible, et sur la dernière, il y avait ce simple mot : « amen ! »…
A l’origine, je voulais que le titre de l’album soit seulement « Get Well Soon », parce que c’était le juste message. Mais Amen s’est imposé à travers cette image.
Benzine : As-tu déjà des projets pour tes prochaines étapes ?
Konstantin : Les concerts ! J’aurais aimé jouer l’album dans des Festivals cet été, mais les programmes étaient déjà pleins avec toutes les tournées reportées. Et puis, planifier les concerts à l’avance reste très difficile. Je pensais à l’origine que cette tournée aurait lieu dans un monde revenu à la normale… Mais noooooon !
Benzine : Qu’est-ce que tu penses de l’évolution de la musique, dans ce contexte ?
Konstantin : Là, par contre, je ne suis pas aussi optimiste, il faut beaucoup travailler pour peu de résultats : on organise par exemple cette tournée, et on ne sait pas ce qui va se passer. Est-ce que l’un d’entre nous va tomber malade dans le bus ? Est-ce que les gens vont venir aux concerts ?
Mais je ne fais pas de la musique pour tout le monde… Il y a toujours plein de gens qui aiment écouter des chansons qui durent cinq minutes, qui ont envie d’écouter des albums en entier. Nous ne produisons pas du « contenu », comme on dit aujourd’hui : on fait de la musique !
Mais on aurait bien besoin qu’il y ait des syndicats de musiciens pour nous défendre, on est toujours les derniers à être payés. Il va falloir qu’on se révolte !
Moi, j’ai toujours un deuxième boulot, comme les musiques de films (NDR : Konstantin a écrit la musique de plusieurs films et séries, dont How To Sell Drugs On Line (Fast)) : ça élargit mon spectre musical, ça m’offre une certaine flexibilité. Si je n’avais que Get Well Soon, ça serait trop dur financièrement…
Propos recueillis par Eric Debarnot
Le nouvel album de Get Well Soon, Amen, est disponible depuis le 25 mars. Get Well Soon seront en concert à la Gaîté Lyrique le 4 mai prochain.