Depuis la sortie en 2006 de son livre-enquête sur la mafia napolitaine, Gomorra, Roberto Saviano vit sous protection policière. En compagnie du dessinateur Asaf Hanuka, il raconte son quotidien, ses doutes et ses tourments dans une bande dessine saisissante.
Un jour lorsqu’il avait 12 ans, Roberto Saviano a vu, sous ses yeux, un homme caché sous une voiture s’est pissé dessus, et dont la peur de mourir l’a condamné à être assassiné. Profondément marqué par ce qu’il avait vu, celui qui n’était encore qu’un enfant, amoureux du Subbuteo, un jeu de foot sur plateau, a décidé qu’il n’aurait jamais peur, qu’il ne serait jamais une victime quoi qu’il arrive. Plus tard, vers 25 ans, il décida de dénoncer les méfaits de la camorra napolitaine dans un livre intitulé Gomorra paru en 2006. Le succès incroyable qui s’en suivit plaça immédiatement Roberto Saviano en position numéro 1 parmi les hommes à abattre pour la mafia sicilienne. À partir de ce moment-là, la vie de l’auteur-journaliste allait changer du tout au tout, condamné à devoir être protégé 24 heures sur 24, à changer régulièrement de logement, à signaler tous ses déplacements.
Je suis toujours vivant raconte cette vie sous surveillance déjà évoquée dans des livres et des interviews, expliquant l’enfer qui est devenu la vie de Roberto Saviano depuis qu’il a dénoncé ouvertement les criminels à Casal di Principe. Dans ce nouveau récit, dessiné par Asaf Hanuka, Roberto Saviano revient sur tous les faits marquants de son existence jusqu’à ce jour. On découvre comment est organisée sa vie depuis plus de 10 ans, quelles précautions sont prises à son encontre, suivi partout dans ses déplacements, notamment par un chien renifleur qui signale la présence d’explosifs aux alentours.
Malgré sa persévérance, sa fierté et son désir de ne jamais baisser les bras, Saviano connait parfois des moments de découragement, avouant que l’idée de la mort plane sans cesse au-dessus de sa tête, mais aussi comment certains petits temps de liberté qu’il arrive parfois à s’octroyer sont pour lui des moments d’intense bonheur. Un homme d’une grande détermination, d’une grande capacité à surmonter les épreuves qui décrit bien dans ce livre toutes les situations compliquées auxquelles il est confronté quotidiennement, avec toutes les menaces qui pèsent sur sa famille depuis tant d’années.
À travers son dessin, l’Israélien Asaf Hanuka tente de coller au plus près au récit en voix-off de Saviano, montrant à travers des représentations, tantôt réalistes tantôt abstraites, tous les idées noires qui peuvent traverser l’esprit de l’auteur italien. Un récit avant tout psychologique, où il y a peu de place pour l’émotion et les histoires romanesques car la vie de Saviano ne ressemble en rien à un conte de fée.
Benoit RICHARD