Avec la chaleur exceptionnelle qui régnait sur Paris, était-il bien raisonnable de rajouter l’ambiance torride d’un concert des princes du garage rock français, Dynamite Shakers, de passage au Supersonic ?
Presque tous les soirs au Supersonic, c’est la fête au Rock, le vrai. Mais ce soir, c’est particulier : Dynamite Shakers, les Vendéens stylés, que nous avions découverts en première partie des Fleshtones, leurs parrains spirituels, à Petit Bain, sont à Paris ! Et en plus, il règne une température et une ambiance estivale sur la ville !
En les attendant, on fait un petit tour au CBGB au milieu des années 70, avec les Parisiens de Endorphin Transistor, qui nous régalent, soutenus par une foule de supporters déchaînés, d’un rock nerveux, aussi classique qu’inusable. On a l’impression de déjà connaître toutes les chansons, et c’est juste un peu bordélique comme ça doit être, les titres ont tendance à s’allonger en frénésie électrique, pour le plus grand plaisir des fans. Tout le monde danse le sourire aux lèvres, l’éternelle formule des riffs killers, de la rythmique élastique et des chanteurs un peu nonchalants – juste ce qu’il faut – fonctionnera toujours, en fait. Endorphin Transistor, c’est rien que du plaisir.
22h30 : évidemment, avec Dynamite Shakers, comme on en avait eu l’intuition en les découvrant, on est à un autre niveau : ils nous offrent 65 minutes d’intensité totale, de guitares tranchantes, de chant possédé d’Elouan, le tout s’appuyant sur une des meilleures sections rythmiques que l’on ait en France : le jeu de batterie de forcené de François et la basse musicale, élastique de Lila-Rose.
Si le set démarre déjà très fort, c’est à partir du 4e morceau, What’s Going On, qu’on atteint le niveau stratosphérique qu’on attend de Dynamite Shakers : à partir de là, l’énergie ne baissera plus jusqu’au seul morceau de tempo moyen (enfin, moyen, on s’entend…), The French Top Ten… Qui sera suivi d’un nouveau décollage à la verticale avec leur désormais classique The Bell Behind the Door, pour un dernier quart d’heure qui dépasse toutes nos espérances. Calvin, le mince guitariste très classe dans son cuir, a l’air de passer la meilleure soirée de sa vie, et cet enthousiasme et cette joie communicatives électrisent encore plus les danseurs : on aura même vu une tentative de slam, ce qui relève quand même du défi avec une scène basse comme celle du Supersonic !
Même si aujourd’hui leur setlist est composée de morceaux originaux, comme le dit Elouan : « Il n’y a pas de concert de Dynamite Shakers sans une reprise des Sonics », ce sera le classique Strychnine qui nous fera hurler ce soir… Le Supersonic est en feu, les Vendéens (sur scène et dans la salle, car il semble que pas mal de gens ont fait le voyage pour l’occasion…) rayonnent de bonheur, ce set dégage un pur plaisir sans arrière-pensée : finalement, le garage rock, quand il est joué avec une telle conviction, est l’un des genres musicaux à dégager le plus de générosité, de sincérité.
On a envie que ça ne s’arrête jamais, même si physiquement, et vu la chaleur torride qui règne, ni le groupe ni nous ne pourrions tenir ce rythme bien plus longtemps. Enfin, on dit ça mais les Dynamite Shakers sont jeunes, très jeunes.
Non, les Dynamite Shakers sont éternels, comme leur musique.
Texte et photos : Eric Debarnot