« Plus de femmes sur scène ! » réclament le formidable trio français de Ottis Coeur. Et cette soirée féminine (avec quelques hobbits en supplément) au Point Ephémère prouve une fois de plus qu’elles ont bien raison !
Le Point Éphémère est complet depuis longtemps et un nouveau concert parisien est d’ores et déjà programmé, témoignant de l’accélération du succès de Wet Leg. Même si le set de la veille au Festival Culture Box nous a un peu refroidis, nous sommes prêts à parier que la configuration bien plus « rock » de la salle et l’enthousiasme du public, heureux d’être là, fera sortir le meilleur du groupe.
20h30 : Ottis Cœur, encore et encore. Chaque fois qu’on voit ces filles sur scène, elles semblent avoir progressé. Et ce soir, le public du Point Éphémère leur fait une réception chaleureuse. Équilibre parfait entre les voix de Camille et de Margaux, textes percutants, refrains accrocheurs, alternance bien contrôlée de moments plus calmes où l’on peut profiter, justement, des vocaux, et d’accélérations noisy / heavy / punk, pendant 35 minutes quasiment irréprochables : Ottis Coeur est désormais un groupe scénique à l’efficacité indiscutable. La dernière partie, avec Le Son de ta Voix, Léon et je marche derrière toi est étincelante, et on finit sur Devinez la Fin qui mériterait juste d’aller un peu plus vers la folie. Comme la dernière fois au Petit Bain, les filles brandissent leurs guitares avec le message « More Women On Stage ». On est bien d’accord, et on attend surtout le deuxième EP avec impatience.
21h35 : bien mieux protégées qu’hier des regards dans la semi-obscurité et la brume du Point Éphémère, Rhian et Hester paraissent dès leur entrée beaucoup plus à l’aise. Et, bien heureusement, le son est bon, avec la belle voix de Rhian correctement audible. Ce n’est guère que lorsque Hester chante – sur deux morceaux uniquement, dont Convincing, l’un des deux titres rajoutés à la setlist par rapport à hier, que sa voix n’émerge pas du maelström sonore.
Miracle de la bienveillance du public, Rhian sort de sa réserve pour nous jeter un bref « bonsoir » – en français – et même un « je t’aime » en réponse à une fan. Encore plus étonnant, son regard, la plupart du temps flottant dans le vide (chaque fois qu’elle n’est pas en train de plaisanter avec Hester…), ira au moins à deux reprises à la rencontre de ceux des spectateurs ! Waouh ! Ça ne paraît rien, mais pour Wet Leg, ça change pas mal de choses… Bon, soyons justes, très vite, la bulle étanche à l’intérieur de laquelle Hester et Rhian évoluent se referme, excluant le monde extérieur : leur psychothérapeute a encore un gros travail à faire sur ces deux-là ! Finalement, il est inutile de se plaindre de ce que la musique de Wet Leg soit aussi lisse, aussi distante. C’est sans doute qu’en l’état des choses, il ne peut en être autrement. Peut-être d’ailleurs que cette barrière entre elles et le monde réel est essentielle à leur Art, et il faudra voir comment leur musique évolue, et même si elle peut survivre à la surexposition et au succès : le second album sera une étape clé pour Wet Leg, encore plus que pour n’importe quel groupe…
En attendant, prenons notre plaisir où nous pouvons, dans les meilleures chansons de l’album : les Wet Dream, Oh No, Ur Mum, Angelica (enfin beaucoup de bruit !)… et puis Chaise Longue en rituelle célébration finale : on l’aimerait peut-être plus tranchante, mais c’est du détail… Pas de rappel, bien entendu, une cinquantaine de minutes de Wet Leg, c’est la dose maximale.
Ajoutons que la première phrase chantée du concert étant « I need a lie down / Only just got up » (J’ai besoin de m’étendre / Je viens juste de me lever) sur Being In Love, et la dernière « On the chaise longue, all day long, on the chaise longue » (Sur la chaise longue, toute la journée…), on doit reconnaître que les filles ne font aucun mystère de leurs difficultés à affronter l’existence.
Ah, et puis, un commentaire personnel, totalement stupide sans doute : on a toujours qualifié les trois musiciens accompagnant les filles de « hobbits » – leur taille, leurs cheveux, leurs barbes, bref on les croirait sortis de la trilogie de Peter Jackson… Et d’un coup, alors que résonnait la musique enregistrée qui sert d’intro au concert, on a réalisé que c’était peut-être bien un morceau de Howard Shore, Concerning Hobbits…
Bon après tout ça, on sort sur le quai qui bourré de gens profitant un verre à la main de ce beau mois de mai pré-estival, et on devise entre nous sur ce drôle de groupe. Les pronostics sont lancés quant à la suite, et on n’est pas forcément très optimistes… mais on a été heureux d’être là, au Point Éphémère, ce soir.
Photos : Robert Gil
Texte : Eric Debarnot
Bonjour,
Je ne vois pas en quoi la réserve ou la timidité des deux musiciennes de ce groupe reléve d’une psychothérapie ?!.
Moi je pose la question à l’envers : ne serait ce plutôt pas vous qui devriez consulter un spécialiste dans ce domaine avec une idée pareille qui est proche de la méconnaissance ou de la sottise ?.
Bonjour, vous avez peut-être bien raison, et peut-être suis-je en train d’en suivre une. Malheureusement, ma sottise n’est probablement pas curable !
Alors désolée et sans rancune !