Deux ans que les fans parisiens de Brett Anderson et son Suede attendait leur passage. A Pleyel, la célébration de l’album Coming Up fut surtout l’occasion de réviser nos classiques du groupe. Et d’admirer l’énergie de Brett, comme toujours dans l’interaction permanente…
Initiateur de la Britpop avant que Blur et Oasis n’en prennent les rênes, Suede s’était fait un nom en 1992 en remettant au goût du jour l’héritage musical et d’ambiguïté sexuelle des Smiths et du Glam Rock. Sa popularité fut avant tout britannique… et asiatique : le film So Young, incluant dans sa BO la chanson éponyme du groupe, fut un gros succès au Box Office chinois et le groupe s’est produit entre autres dans des salles de 10 000 places à Canton, Hong Kong, Shanghai et Pékin. En France, le public du groupe fut réduit mais fervent. Fervent au point d’avoir attendu deux ans ce concert (pas complet) à la Salle Pleyel, reporté plusieurs fois pour cause de COVID.
La première partie du concert de la bande à Brett Anderson fut consacrée à l’album Coming Up, joué dans son intégralité pour « célébrer » son quart de siècle. Gros succès du groupe au Royaume Uni, ce disque permit au groupe de revenir au premier plan après le départ de son guitariste Bernard Butler et son remplacement par Richard Oakes. Le clou du concert, ce fut comme lors des précédents passages parisiens du groupe, un Brett en mode quinqua survolté, sautant comme un cabri. En essayant d’interagir constamment avec un public connaissant moins par cœur la discographie du groupe que le public anglais, il a prouvé qu’il pouvait… électriser ce public et obtenir de l’énergie en retour. Il fut un Monsieur Loyal roublard qui essaya de parler un maximum dans une langue de Molière maladroite pour s’attirer les faveurs du public. Non seulement il vanta Paris mais celui qui chanta en duo avec Jane Birkin flatta aussi l’orgueil national français en lançant un : « Le fantôme de Serge Gainsbourg est dans cette salle ». De son côté Oakes fut l’autre point fort du concert avec sa guitare alternant arpèges et saturation.
Après une brève pause, le concert redémarra par trois hymnes électriques : un Snowblind tiré de l’album de la reformation Bloodsports et évoquant le Suede années 1990, un Killing of a flashboy rappelant que le groupe savait écrire des faces B et enfin un We are the Pigs qui acheva d’enthousiasmer le public. Le groupe fit des intermèdes acoustiques avec des fortunes diverses. Brett tenta d’interpréter une adaptation en français de The Power tellement peu convaincante qu’il finit par revenir à sa langue maternelle. Et avant The Wild Ones il enjoint le public de fredonner la chanson… avant de la jouer trop lentement pour que le public puisse le faire. Avant de revenir aux passages obligés avec le brelan de classiques des années 1990 So Young / Metal Mickey / Animal Nitrate. Le concert s’acheva sur un Still Life acoustique suivi d’un Brett faisant ses adieux en mode triomphe romain. Au vu de l’énergie offerte à ses fans on serait tenté de lui répondre : « Ave Caesar ! »…
A noter qu’à la sortie du concert la cohue pour acheter des T Shirts du groupe évoquait le collé serré du monde d’avant le COVID, celui des wagons de certaines lignes du métro parisien aux heures de pointe. Et dans la queue, ça parlait mandarin, confirmant la popularité asiatique du groupe.
Texte : Ordell Robbie
Photos : Robert Gil