Le duo japonais Tenniscoats fait l’objet d’une réédition de son incontournable second album Papa’s Ear sorti en 2012. On y retrouve toutes les saveurs de ce groupe qui a érigé la sensibilité et la fragilité en dogme intouchable.
Saya (chant, mélodica et claviers) et Takashi Ueno (guitare) se définissent à la fois comme une entité et un collectif. Autour de leurs compositions, s’est greffée au fil des ans, une multitude de musiciens comme The Pastels (Ecosse), Jad Fair (Usa) ou The Notwist (Allemagne). Lorsque Tenniscoats enregistre Papa’s Ear avec l’aide des suédois Tape, tout s’emboite comme par miracle. Composée sous forme acoustique, la majorité des titres est transcendée par des arrangements minimalistes et lo-fi.
Voilà que Papaya vient nous enivrer, comme Stereolab savait le faire, d’une samba post-pop au swing redoutable. Véritable travail d’orfèvre, ce tube est représentatif de la curiosité et de la personnalité éclairées du groupe japonais. Les chœurs y sont magistraux, exécutés par les musiciens de Tape. Crépusculaire, The Sun Rises invite guitares, mélodica, cuivres et sons synthétiques analogiques à partager, avec la voix si délicate de Saya, une intériorisation émotionnelle intemporelle. Qu’il est beau de pleurer en souriant.
Plus cinématographiques, The Bottom Of The Air, Desert et Sappolondo partagent la passion des instruments singuliers comme le glockenspiel et l’harmonium pour une utilisation juste et parcimonieuse qui n’est pas sans rappeler The Young Marble Giants ou Pascal Comelade. La complicité des musiciens est remarquable, soulignée sur On The River, New Seasons Dead et Airplane ou chaque son, chaque mot, chaque instrumentation trouve sa raison d’être.
Le bonus sur cette réédition se présente sous la forme du split-single de Tape et Tenniscoats. Une reprise intimiste aux arrangements subtils de Come Maddalena de Ennio Morricone que n’aurait pas renié The Reed Conservation Society et surtout Luthie Luthie, dont la nue-pop électronique s’offre aux expérimentations signées de la légende de l’indie japonais Kazumi Nikaido.
Chantre d’une easy-pop naïve et fragile, Tenniscoats remballe la testostérone pour le plus grand bien de tous.
Mathieu Marmillot