Au programme de ce jeudi, trois films en compétition avec : Armageddon Time de James Gray, EO de Jerzy Skolimowski et Le Otto Montagne de Felix Van Groeningen & Charlotte Vandermeersch. On a vu également God’s Creatures de Saela Davis & Anna Rose et Top Gun Maverick de Joseph Kosinski.
Notre chroniqueur a tenté la passe de 5 aujourd’hui avec une diversité remarquable dans le choix des films. On sent que c’est le début du festival, et que l’énergie est là !
God’s Creatures, de Saela Davis & Anna Rose (Quinzaine des réalisateurs)
© A24
Direction la Quinzaine des réalisateurs pour la projection de God’s Creatures de Saela Davis & Anna Rose. Une intrigue familiale chez les ostréiculteurs irlandais, mettant une mère (Emily Watson qu’on retrouve toujours avec enthousiasme) face au dilemme entre amour filial et principe moraux. Les enjeux ne brillent certes pas par leur originalité (sur le même canevas, on préfèrera largement l’excellent Mother de Bong Joon-Ho sorti en 2009), mais le film reste solide dans sa caractérisation et donne aux visages toute la puissance des déchirements.
Les huit montagnes (Le Otto Montagne), de Felix Van Groeningen & Charlotte Vandermeersch (Compétition officielle)
© Alberto Novelli for Wildside
De la mer, on passe à la montagne avec le nouveau projet de Felix Van Groeningen qui coréalise avec Charlotte Vandermeersch en Compétition officielle, l’histoire d’une amitié sur 30 ans entre deux garçons dans les montagnes italiennes. La longue durée, parfaitement justifiée, suit les apprentissages, désillusions, erreurs de parcours et quêtes de deux hommes qui projettent sur le paysage leurs interrogations tout en se nourrissant de son immuable force. Un film puissant et émouvant, qui transite de façon poignante de l’utopie de l’enfance aux épreuves de l’âge adulte. (A partir du 21 décembre 2022 en salle)
Top Gun Maverick, de Joseph Kosinski (hors-compétition)
© Paramount Pictures
Tom Cruise produit, pilote, est au centre de l’image et construit – non sans talent, il faut bien l’admettre – sa propre légende, aidé par une équipe entièrement dévouée à sa cause. Mais il faut bien l’admettre : au-delà de tout ce que il peut avoir d’irritant en termes de redite d’un autre âge, ce Top Gun Maverick est un pur film de cinéma qui décrasse comme il se doit rétines et tympan en plus d’être un vibrant plaidoyer en faveur du grand écran. (A partir du 25 mai 2022 en salle)
Armageddon Time, de James Gray (Compétition officielle)
© 2022 Focus Features, LLC.
Retour de James Gray dans un registre intimiste après les récits d’aventure (The Lost City of Z) et de science-fiction (Ad Astra). Armageddon Time raconte l’enfance d’un juif new-yorkais en 1980, dans une famille haute en couleur tenue par le formidable Anthony Hopkins. A hauteur d’enfant, du rire aux larmes, le réalisateur aborde des thèmes qui lui sont chers, comme la filiation, la fratrie, l’injustice et le déterminisme social, le tout dans les tonalités dorées du chef opérateur Darius Khondji. Un regard amer et délicatement désespéré pour scruter la permanence du racisme, de l’antisémitisme et de la fracture sociale dans l’histoire de la civilisation américaine.
EO de Jerzy Skolimowski (Compétition officielle)
© Hanway Films
EO de Jerzy Skolimowski rend hommage au principe du déjà très original Au hasard Balthazar de Robert Bresson. On y suit donc le parcours d’un âne balloté de maitres en fuite et de captures en fugue. Vraie première dinguerie du Festival, le film ose à peu près tout, et parvient à convoquer la magie de La Nuit du chasseur tout et l’humour de Tati, tout en se permettant une leçon de cinéma sur ce que pourrait devenir le cinéma formaliste de Gaspar Noé s’il acceptait de grandir. Un choc visuel et sonore à voir impérativement en salles. Comme quoi, le grand écran n’est pas mort.
Plus de détails sur le Journal du festivalier du Sergent Pepper.