Le roman graphique de Niki Smith apaisera les tensions des âmes blessées et ouvrira les esprits des autres aux souffrances du stress post-traumatique.
Niki Smith a grandi au Kansas. Elle a rassemblé ses souvenirs d’enfance pour écrire et dessiner cette belle histoire, le premier de ses travaux publié en France. Le jeune Manuel a assisté à la violente agression de son enseignante par un homme armé, il est parvenu à s’enfuir et à donner l’alerte, lui sauvant la vie.
Depuis, bien que suivi par une psychologue, il souffre de stress post-traumatique et se mure dans le silence. À son retour en classe, il est amené à travailler avec Sebastian et Caysha, deux enfants de paysans. Le premier élève une vêle, la seconde des poules exotiques. À leur contact, il va découvrir la beauté de la nature, le quotidien des agriculteurs, les concours agricoles et, plus important encore, l’amitié. L’auteure n’idéalise pas la vie à la campagne, mais nous en présente ses bons côtés, la solidarité entre fermiers et la grande liberté offerte, par des parents très occupés, aux enfants.
L’espace d’un instant mérite son classement dans les romans graphiques. Niki Smith prend le temps de présenter ses personnages, les trois enfants et leurs parents, puis de développer une histoire toute simple. Manuel souffre de crises de panique. Il suffit d’une image ou d’un bruit pour que, sans signes avertisseurs, son monde intérieur s’effondre et qu’il soit contraint à prendre la fuite. Il découvre que l’appareil photo de son téléphone portable l’aide à fixer les points d’ancrage qui lui permettent de conserver les pieds sur terre. Il va prendre gout à la photographie. Peut-être, assistons-nous à la naissance d’une vocation.
Le dessin semi-réaliste de Niki Smith est simple, rapide et efficace. Sa maîtrise de la colorisation numérique lui permet de nous offrir de belles séquences de nuit, notamment d’une fête foraine. Plus créatif, le traitement des scènes de confusion mentale en noir et plan est très réussi, il parvient à nous transmettre les bouffées de terreur de Manuel. Par sa douceur et sa bienveillance, l’histoire plaira aux jeunes adolescents, mais aussi plus grands.
Stéphane de Boysson