[Cannes 2022] les films du jour, épisode 4 : Trois Mille Ans à t’attendre, Sans filtre, Frère et Sœur…

Aujourd’hui on évoque Trois Mille Ans à t’attendre, de George Miller, Plus que jamais d’Emily Atef, Frère et Sœur d’Arnaud Desplechin, Sans filtre de Ruben Ostlund ainsi que Chronique d’une liaison passagère d’Emmanuel Mouret.

[Cannes 2022] les films du jour, épisode 4

Cinquième jour de présence à Cannes pour notre chroniqueur qui, malgré les problèmes de billetterie que semblent rencontrer les festivaliers, garde le rythme. Aujourd’hui, il nous présente 5 films dont deux en compétition officielle.

Trois Mille Ans à t’attendre, de George Miller (hors compétition)

Trois Mille Ans à t’attendr, de George Miller.
© Metro Goldwyn Mayer/METROFILMS

On commence la journée par un film hors compétition très attendu par une certaine partie du public : après son Mad Max Fury Road, George Miller présente 3000 ans à t’attendre, annoncé comme un pur délire visuel flamboyant. Une variation sur les contes, au cours de laquelle une spécialiste en narratologie fait apparaitre un génie qui lui propose les 3 vœux traditionnels. La réalisation est plantureuse, et fait souvent penser au très formaliste The Fall de Tarsem Singh (2008), la direction artistique très variée en fonction des différents territoires et époques investis. On saluera le courage de certaines images pour une grosse production américaine, mais le film semble avoir la prétention de dépasser le simple cadre du conte, ce à quoi il ne parvient pas véritablement. (A partir du 24 août 2022 en salle)

 Plus que jamais, d’Emily Atef  (Un Certain Regard)

plus-que-jamais
© Jour2fête

Changement d’ambiance pour la suite, dans la section Un Certain Regard. Plus que jamais d’Emily Atef raconte le parcours d’acceptation d’une femme atteinte d’une maladie incurable, et qui entreprend un voyage en Norvège. Cette thématique de la disparition est d’autant plus poignante aujourd’hui qu’il s’agit de la dernière apparition de Gaspard Ulliel, jouant le mari condamné justement à survivre. Un film éprouvant, un peu long, mais qui permet à Vicky Krieps, au lendemain de Corsage, présenté dans la même section, d’exceller dans un autre registre. (A partir du 9 novembre 2022 en salle)

Frère et Sœur d’Arnaud Desplechin (Compétition officielle)

Frère et Sœur
© Shanna Besson – Why Not Productions

On retourne au Grand Théâtre Lumière pour le nouveau Arnaud Desplechin prolifique puisqu’il présentait en juillet dernier Tromperie à Cannes Première. Frère et Sœur le voit revenir à ses thématiques de prédilection, puisqu’il y sonde à nouveau la haine au sein de la cellule familiale. Les motifs sont tellement familiers qu’on sent poindre l’autocitation, et certaines sorties de route, dont la fin, génèrent un certain embarras. En résulte un film assez déséquilibré, mais dans lequel le réalisateur garde tout son talent pour ce qui est de filmer les affrontements, et tirer le meilleur de ses comédiens. (en salle depuis vendredi)

Sans filtre (Triangle of Sadness), de Ruben Ostlund (Compétition officielle)

Sans filtre (Triangle of Sadness)

Place ensuite au gros morceau attendu depuis des années pour celui qui avait obtenu la Palme d’Or en 2017 avec The SquareRuben Ostlund présente Triangle of Sadness, qui dans son premier segment reprend le même principe de la satire en le déplaçant dans le milieu de la mode. Mais le plat principal se situe sur un yacht réunissant des ultra-riches, l’occasion pour le réalisateur de nous imposer sa version de La Grande Bouffe, soit la dénonciation de l’obscénité par l’obscénité elle-même : vomi, flot de matière fécale vont ainsi nourrir un jeu de massacre d’une rare lourdeur, et qui fait sombrer le navire bien avant que le récit ne s’en charge. Beaucoup trop long, d’une immaturité rare, le film rate à peu près tout ce qu’il entreprend. La salle était hilare.

Chronique d’une liaison passagère, de Emmanuel Mouret (Cannes Première)

Chronique d’une liaison passagère.

Le ton est moins grave et les enjeux apparemment plus légers dans la comédie extraconjugale qu’est Chronique d’une liaison passagèreSandrine Kiberlain, irrésistible de liberté et Vincent Macaigne dans ses logorrhées maladroites composent un couple qui semble convoquer le Annie Hall de Woody Allen, et passent les premiers temps de leur liaison à expliquer à quel point ils maitrisent la situation en mettant de côté tout ce qui pourrait la menacer. La gravité se loge dans les interstices, on rit beaucoup, et pour peu qu’on n’ait pas développé d’intolérance à ce cinéma franco-français, on en ressort avec le cœur frémissant. (à voir dès le 14 septembre 2022 en salle)

Plus de détails sur le Journal du festivalier du Sergent Pepper.