Au programme du jour : la jeunesse au théâtre des Amandiers par Valeria Bruni-Tedeschi, Don Juan vu par Serge Bozon, une enquête coréenne avec Park-Chan Wook, et et du fantastique à la française avec Les Cinq Diables de Léa Mysius.
Les Amandiers, de Valeria Bruni-Tedeschi (Compétition officielle)
Nous ne sommes pas nombreux à garder de bons souvenirs des films de Valeria Bruni-Tedeschi, et on redoutait cette incursion dans les coulisses du théâtre franco-français. En réalité, Les Amandiers est loin d’être la catastrophe attendue : toute sa première partie, qui fait le portrait de la jeune troupe d’apprentis acteurs des Amandiers dans les années 80 fait souvent mouche pour saisir l’énergie bouillonnante qui les caractérise. Lorsqu’il se recentre sur un couple ravagé par la drogue, le récit s’enlise un peu, mais le film ne démérite pas dans sa capture d’une époque et de sa vigueur créatrice.
Don Juan, de Serge Bozon (Cannes Première)
On poursuit avec la projection dans la section Cannes Première du Don Juan de Serge Bozon, œuvre singulière et exigeante qui travaille les liens entre un comédien, son interprétation de la pièce de Molière et sa situation personnelle d’amant éconduit. Le récit en chausse-trappe joue de toutes les inversions et se permet quelques incursions vers la comédie musicale, notamment grâce à la présence assez magnétique d’Alain Chamfort en relecture de la Statue du Commandeur. Pour le moment, le film ayant suscité le plus de départs en cours de projection.
Decision to leave, de Park-Chan Wook (Compétition officielle)
On poursuit avec l’un des gros morceaux de la Compétition officielle, le très attendu Decision to leave de Park-Chan Wook qui n’avait rien proposé depuis 6 ans avec Mademoiselle, déjà présenté sur la Croisette. On retrouve instantanément la maestria du réalisateur, doté d’un sens du cadre et de la composition toujours aussi virtuoses au fil d’une enquête retorse où se mêlent manipulation et amour fou. L’obsession de ses personnages, comme toujours, rejoint celle avec laquelle le cinéaste compose son intrigue et oblige les individus à dépasser le rutilant des surfaces pour atteindre la vérité. Et nous laisse, au générique de fin, émoustillés à l’idée de le revoir le plus vite possible.
Les Cinq Diables, Léa Mysius
Je file ensuite à la Quinzaine pour l’intriguant projet de Léa Mysius, cinq ans après son premier long Ava, mais omniprésente dans les scénarios des derniers grands films français, de Desplechin à Audiard en passant par Téchiné et le prochain Claire Denis, Stars at noon, présenté en Compétition Officielle dans quelques jours. Œuvre sensorielle et fébrile, Les Cinq Diables reprend le principe du récit à hauteur d’enfant pour dénouer les drames passés d’une famille. Par l’entremise de voyages temporels olfactifs, l’intime rencontre le fantastique avec un beau sens de l’équilibre et met progressivement en image tout ce qui avait été refoulé. Les interprètes sont excellents, la musique captivante et les prises de vue sur le montagne parviennent à restituer de torturés paysages intérieurs.
Plus de détails sur le Journal du festivalier du Sergent Pepper.