Le festival de Cannes se termine ! Dernier jour de projection en attendant les récompenses annoncées ce samedi à partie de 20h30. Au programme : Mascarade de Nicolas Bedos, Close de Lukas Dhont, Showing Up de Kelly Reichardt, Un petit frère de Léonor Séraille, Les Pires, de Lise Akoka et Romane Gueret.
Mascarade de Nicolas Bedos
très attendu en hors Compétition, le film, d’une durée hors norme de 2h22, ressasse sous la forme d’un polar sur la Riviera les obsessions misanthropes de son auteur. On recherchera en vain l’inventivité, l’humour et les restes de croyance en l’amour qu’on pouvait trouver dans La Belle Epoque : le cynisme y est constant, et la romance semble se résumer à un duo de faux semblant entre pute et gigolo.
Close de Lukas Dhont
Changement d’ambiance avec Close de Lukas Dhont après le remarqué Girl, caméra d’or en 2018. Pour m’être copieusement fait spolier toute la première moitié par un journaliste du Figaro que je ne remercie pas, je laisserai le mystère à ceux qui découvriront ce film d’adolescents dont le jeu est absolument parfait, tout comme celui de leurs mères, Emilie Dequenne et Léa Drucker. Douleurs, silence et distance composent un mélo qui en irritera sûrement certains (notamment par son abus de musique et quelques images un peu trop filtrées), mais qui semble avoir majoritairement remporté l’adhésion. Très émouvant de voir, à la sortie, quatre ouvreuses en larmes tentant de faire bonne figure en gérant le flux des spectateurs.
Showing Up, de Kelly Reichardt
On poursuit avec le nouveau film de Kelly Reichardt, Showing Up, portés en sélection notamment grâce au succès surprise de son First Cow l’année dernière. Le quotidien d’une artiste quelques jours avant son exposition, le plus souvent en position de spectatrice face à son entourage : une voisine sociable, un père envahi par des squatteurs et un frère instable. Et, dans ce monde dédié à l’art, l’irruption d’un pigeon blessé qui va lui réapprendre le rapport au réel. Un film doux et mineur, parfaitement en adéquation avec les portraits que construisent la cinéaste et sa fidèle comédienne Michelle Williams.
Un petit frère de Léonor Séraille
Un petit frère de Léonor Séraille (Caméra d’or en 2017 pour Jeune femme) suit l’arrivée en France d’une famille et son évolution au fil des ans, sur trois segments suivant la mère, le frère et ainé et son cadet. Deux heures interminables capturant des petits moments de quotidien dont on n’a pas grand chose à faire, des crises et des désillusions, des échecs et des malentendus qui racontent tout, et surtout rien. Sur le même canevas, le récent et très beau Les Passagers de la nuit de Mikhaël Hers offre une leçon cinglante de cinéma à cette saga poussive et mal construite.
Les Pires, de Lise Akoka et Romane Gueret
Les Pires, de Lise Akoka et Romane Gueret, repart avec le prix de la section Un Certain Regard. Une petite merveille ! L’histoire d’un tournage dans une cité du Nord de la France, où l’on offre la possibilité à de jeunes écorchés vifs de jouer un rôle, tout en suivant leur vie quotidienne. Incroyable de justesse, tendre, émouvant, à la fois lucide sur les artifices du cinéma et profondément habité par la conviction quant à la mission de mise en lumière qu’il a à jouer. Une superbe découverte, qui réactualise à sa manière La Nuit américaine de Truffaut.
Et pour terminer, les favoris et les coup de coeur de notre critique pour ce 75e festival de Cannes :
Palme d’Or : Eo de Jerzy Skolimowski
Grand Prix : Armageddon Time de James Gray
Prix du jury : La Femme de Tchaïkovski de Kiril Serebrennikov
Interprétation féminine : Emilie Dequenne dans Close de Lukas Dhont
Interprétation masculine : Benoit Magimel dans Pacifiction d’Albert Serra
Mise en scène : Decision To Leave de Park Chan-wook
Scénario : Leila et ses frères de Saeed Roustaee
La crème des autres sections :
Un Certain Regard : Godland d’Hlynur Palmason et Les Pires de Lise Akoka et Romane Gueret
Cannes Première : La Nuit du 12 de Dominik Moll, Chronique d’une liaison passagère d’Emmanuel Mouret
Quinzaine des réalisateurs : La Montagne de Thomas Salvador
Plus de détails sur le Journal du festivalier du Sergent Pepper.