Death is a Dream est un album de démos, d’ébauches du précédent album du groupe, Rhinestones. Et pourtant un album à part entière qui révèle combien HTRK fait une musique délicate, légère, vaporeuse, subtile. Intense. Emouvant. Profond.
Voilà un album (quasiment) indispensable. Alors même que 6 des des 10 morceaux et plus de la moitié des 28 minutes de l’album sont déjà connus puisqu’ils figuraient déjà sur Rhinestones (sorti seulement en 2021), que 3 de ces 6 morceaux sont des demos et que les autres avaient été abandonnés lors de la mise en boite en 2021. Indispensable parce que la pochette signée Skkinz est superbe, une pochette qui donne envie d’apprendre le point de croix et qui fait regretter que l’album ne soit pas disponible en vinyle. Indispensable, surtout, que ces morceaux ne sont pas les versions un peu cheap ou à peine ébauchées de morceaux appréciés mais déjà entendus. On ne trouve sur Death is a Dream que des pépites. De vrais bijoux.
Death is a Dream est en quelque sorte une version purifiée de Rhinestones ou même si on remonte un peu plus loin de Venus in Leo sorti en 2019. Ces deux albums n’étaient pourtant pas surchargés d’arrangements baroques, ce n’est pas le genre du groupe. La musique de HTRK n’a jamais été très dense, très fournie. Mais comme ce qu’il y avait d’arrangements était déjà trop, comme si les versions originales avaient été artificiellement gonflées par les arrangements et la production, Jonnine Standish (chant, en particulier) et Nigel Yang (guitare) donnent l’impression d’avoir cherché à se dépouiller encore plus et à dépouiller leur musique encore plus. Après ce passage en alambic, ce passage au tamis ne reste que l’essence de la musique de HTRK : la délicatesse, la simplicité, l’émotion. Même les versions de Kiss Kiss and Rhinestones et de Valentina (peut-être un peu moins sobre que celles de l’album original) ressortent comme plus simples, et encore plus beaux.
Comme sur les précédents albums et manière encore plus marquée, donc, les morceaux qui composent ce Death is a Dream sont lumineux, pleins d’une émotion très intense. La voix de Jonine Standish, belle, éthérée mais équilibrée, grave juste ce qu’il faut, domine toujours. Quelle puissance cette voix communique aux morceaux du groupe. Cette voix enlève complètement le côté possiblement impersonnel que les machines pourraient donner—HTRK utilise beaucoup de séquenceurs et percussions synthétiques. Elle se marie parfaitement aux machines… Même les 3 instrumentaux – la démo de Straight to Hell et les inédits Renaissance (le premier morceau de l’album) et Death is a Dream (le dernier) — sont brillants et dégagent la même force que les autres morceaux. Certes, Jonine Standish ne fait pas tout toute seule. La guitare de Nigel Yang joue aussi un rôle important. Il tisse des arpèges délicats qui enveloppe la voix de Standish et contribue à donner à la musique du groupe un côté vaporeux, planant, délicat, presque insaisissable. Une musique qui se dissout, qui se disperse en un nuage d’émotions.
Melbourne est réputée pour être une des villes les plus cool du monde. Et si HTRK était un des groupes les plus cool de Melbourne ? La concurrence est rude, mais la question se pose.
Alain Marciano