Avec son quatrième roman, Samouraï, l’auteur héraultais raconte les mésaventures drôles et cocasses d’un écrivain qui se cherche et qui (pour notre plus grand plaisir) ne se trouve pas. Du Fabrice Caro pur jus !
C’est toujours un plaisir que de retrouver la prose drôle et délicate de Fabrice Caro, la petite musique de l’auteur du Discours. Celui qui se fait appeler Fabcaro en tant qu’auteur de bandes dessinées vient de sortir quasiment en même temps que Samouraï, Guacamole vaudou, un roman-photo totalement absurde en compagnie d’Éric Judor.
Avec Samouraï, son quatrième roman, l’écrivain met en scène le personnage d’Alan, un auteur un peu perdu dans la vie, pas très sûr de son talent, pris entre plusieurs projets mais qui se verrait bien écrire un « roman sérieux » comme le lui avait conseillé son ex. Et voilà que notre auteur imagine déjà des critiques élogieuses (ou non) de son prochain livre dans Télérama, Les Inrockuptibles ou Le Monde… Mais en attendant d’écrire ce livre qui fera de lui un auteur à succès, Alan (qui est une variation des personnages imaginés dans de ses précédents romans) patiente en s’occupant de la piscine de ses voisins partis en vacances. Lui qui n’y connaît absolument rien dans l’art d’entretenir une piscine doit surveiller quotidiennement le pH de l’eau.
Mais comme dans tout bon roman de Fabrice Caro, les choses ne vont pas forcément aller comme le personnage le voudrait. Entre une rencontre qui tourne au fiasco, la couleur de l’eau de la piscine qui vire dangereusement au vert, et une éditrice avec laquelle la communication n’est pas toujours aisée, Alan galère sévère…
Dans son style habituel, l’écrivain héraultais use sans abuser de l’humour, de la dérision et de la mélancolie avec toujours autant d’habilité pour construire des situations absurdes. Des petits détails insignifiants du quotidien qu’il a l’art d’accentuer pour en faire des moments ubuesques, souvent cocasses, à travers un récit dans lequel on avance avec autant de curiosité que de jubilation, attendant à chaque nouveau chapitre de voir comment notre personnage va se sortir des situations dans lesquelles il s’est fourré.
Un roman plein de tendresse, mais aussi de mélancolie, notamment quand Alan rend visite à la mère d’un vieux copain d’enfance qui vient de se suicider ; une maman inconsolable et persuadée qu’Alan était le meilleur ami de son fils, lui montrant à chacune de ses visites les mêmes albums de photos, sans que celui-ci ne puisse dire quoi que ce soit.
Encore un beau et agréable moment de lecture en compagnie de cet écrivain qui n’a pas son pareil pour pointer les travers de nos vies névrosées à travers des histoires à la fois simples et compliquées, portées par une écriture toujours aussi malicieuse et virevoltante.
Benoit RICHARD