Soirée d’échauffement au Supersonic pour le retour sur scène en France des californiennes de Death Valley Girls, les reines du « California Doom Boogie ». La nuit a été mouvementée !
C’est évidemment une superbe occasion de retrouver les formidables Death Valley Girls dans un cadre aussi intime que celui du Supersonic, qui continue à proposer une programmation passionnante. On anticipe beaucoup de monde ce soir rue Biscornet… Il vaut mieux se pointer tôt pour assurer la place au premier rang !
20h30 : Jeff Kaufman (enfin c’est ainsi qu’il nous est présenté…) est à la batterie, il chante d’une voix régulièrement impressionnante, et il est accompagné de deux guitaristes qui portent des masques à son effigie. La musique que le trio joue, ou plutôt le chaos qu’il crée est à la fois drôle – pas mal d’humour tout au long du set -, originale (on a bien du mal à identifier des références dans ce mélange improbable) et parfois très maladroite (comme sur l’avant-dernier titre funky joué avec les pieds !). S’agit-il d’une démarche de déconstruction dadaïste parfois mal maîtrisée ? Ont-ils trop d’ambition sans doute par rapport aux capacités des musiciens ? Tout est possible, vu les réactions plutôt tièdes du public, qui a visiblement du mal à rentrer dedans. Pourtant, à notre avis, la démarche est intéressante et témoigne d’une forte personnalité. Ils s’appellent JK & the GGG’s. Pas sûr qu’ils aillent bien loin, mais si la musique qu’on aime reste aussi vivante, c’est beaucoup grâce à des gens comme eux. Respect !
Nous passerons sur le set des East End Girls qui ne nous ont pas convaincus, et nous voici enfin arrivés à 22h30… C’est donc le grand retour parisien de Death Valley Girls, notre girls band californien préféré, qui n’a pas pu venir plus tôt défendre son dernier album en date, le très réussi Under the Spell of Joy. On leur souhaite la bienvenue, et les grands sourires des trois filles tout au long du set nous feront chaud au cœur… Apres l’introduction impressionnante, façon « slowburn » de Abre Camino (le bien nommé : « ouvre le chemin »…), le concert va parfois manquer de souffle : il faut admettre à la défense des filles que l’ambiance délétère qui régnait ce soir au Supersonic, avec une bonne bande de spectateurs alcoolisés qui cherchaient surtout à créer la pagaille, n’a pas aidé le set. On a vu le groupe prendre plusieurs pauses entre les chansons pour gérer la situation difficile au premier rang. Ce qui nous a permis d’apprécier la gentillesse de Bonnie Bloomgarden, la chanteuse, qui a fait monter des spectatrices sur scène sur deux chansons, pour l’ambiance festive mais peut-être un peu aussi pour les protéger des ivrognes… Avec un son qui manquait parfois de puissance sur les morceaux les plus agressifs, il valait mieux se concentrer sur les chansons plus pop, voire parfois plus atmosphériques – comme le formidablement halluciné The Universe – caractéristiques de l’évolution du groupe.
Occupée à gérer son clavier et ses retours, abandonnant trop rapidement à notre goût sa guitare pour se consacrer aux claviers, Bonnie nous a paru parfois pas complètement impliquée dans ses chansons, mais le groupe a assuré le show en faisant preuve d’une bonne humeur, d’une joie d’être ensemble et de jouer inaltérables.
On remarque que le dernier disque n’est pas particulièrement à l’honneur sur la setlist, et que les filles sont déjà avec de nouvelles chansons, dont le percutant Magic Powers : on a donc hâte de les découvrir sur un nouvel album… Le set s’arrête au bout de 50 minutes seulement, et on se dit qu’il va falloir les revoir très vite dans de meilleures conditions : et pourquoi pas à Levitation le week-end prochain ?
Photos : Robert Gil / Eric Debarnot
Texte : Eric Debarnot
“Under the Spell of Joy” : Death Valley Girls évoluent magnifiquement sans se renier