Christophe Gans nous a gentiment accueilli pour cette interview concernant la sortie au cinéma du Pacte des Loups en version longue et restaurée 4K. Monsieur Gans souhaitait discuter en priorité de ce projet de restauration.
Les premières questions ont donc concerné ce sujet important, et portait sur les spécificités techniques. Cette version longue bénéficie d’un nouveau mixage sonore dolby atmos. Les négatifs originaux ont été scannés pour permettre la réalisation de cette restauration en 4K. Les effets spéciaux, numériques, n’ont pas été retouchés. Monsieur Gans se dit contre ce procédé qui dénature la qualité de l’œuvre initiale et qui efface toute l’authenticité. La post-production a été gérée par l’équipe d’origine, qui a également rajouté de nombreuses scènes. La volonté est de satisfaire les amateurs du Pacte des Loups, faire en sorte qu’il n’y ait pas de déception.
Ensuite, l’entretien s’est axé sur les influences cinématographiques du réalisateur, clairement visibles dans ce film. Le cinéma de Mario Bava a largement nourri Monsieur Gans pour cette production. L’esthétique est en effet baroque, gothique. Sa façon de mettre en scène s’inspire du style du maitre italien. Plusieurs passages ont été cités, dont un qui montre une attaque de la bête, effrayante mais avec une violence suggérée. Cette manière de susciter l’effroi sans verser dans le gore est une des caractéristiques du cinéaste transalpin précurseur du Giallo et du Slasher. Ce genre de cinéma italien est important dans le cheminement de Christophe Gans. Son court-métrage réalisé en 1981, Silver Slime, est représentatif d’une attirance pour l’œuvre de Dario Argento. Les clins d’œil au cinéma hongkongais sont également présents. Les scènes de combats, sont des hommages au cinéma de John Woo, Chang Cheh, ou à la franchise de films Shaolin. L’entrevue ne s’est pas attardée sur ces moments de kung-fu dans le Gers. Il est cependant évident de dire que Le Pacte des Loups regroupe certaines composantes de la culture cinématographique nippone : le thème de la vengeance, la symbolique de la mort. Le personnage de Mani ressemble au Crying Freeman. Son interprète, Mark Dacascos, pratique huit arts martiaux.
Les soins apportés à l’esthétique sont importants et clairs, élément que l’on retrouve dans tous ces films. Surtout, l’ambition de cette œuvre et de cette présentation est de proposer un cinéma novateur, de genre, qui ne se veut pas du tout fait à l ‘américaine. Le Pacte des Loups est un film français, certes influencé par le cinéma asiatique et italien, mais qui n’a pas vocation d’être une sorte de blockbuster hollywoodien. Le film mélange les genres, allant de l’aventure au fantastique, trouve ses inspirations dans la bande dessinée, la pop culture.
Christophe Gans est aussi revenu sur la conception de l’affiche, et nous a raconté que la première mouture a été rejetée car elle ressemblait énormément au thème du loup-garou.
Sylvain Jaufry