Cucamaras : un groupe au nom d’orchestre mexicain qui joue une musique rugueuse et abrasive, guitares énervées et irrésistibles, basse dévastatrice. Le futur du rock se joue encore et toujours en Angleterre !
Et si, pour une fois, on écoutait un album sans se demander dans quelle marmite il a été cuisiné ? Si on évitait de se poser la question des influences et de l’héritage ? Et qu’on décidait de se laisser porter par la musique, de l’écouter pour ce qu’il est, pour les impressions que l’on ressent… Ce qui devrait être la règle en matière de musique (d’art, en général) est encore plus vrai dans le cas de Soft Soap, ce EP de 5 titres, de Cucamaras.
Imaginez, un groupe de Nottingham (UK) qui fait du (post-)punk… non, Cucamaras n’est pas un orchestre de cuivres venant d’Amérique centrale! Si on essayait, il ne devrait pas être trop difficile de leur trouver des prédécesseurs et de jauger leur pourcentage d’originalité. Mais cela nous gâcherait le plaisir ! Oh oui, la musique de Cucamaras est particulièrement jouissive, euphorisante. Elle emporte tout sur son passage.
Tous les ingrédients sont là: une voix blanche, glaciale et sombre à la fois qui déclame plus qu’elle ne chante ; des guitares aiguisées comme des coutelas qui découpent tout; une basse ronflante et trépidante et une batterie discrète mais bien présente et qui fait parfaitement son travail de rythmique. Et le tout joué à une vitesse au-delà de la limite autorisée. Ici pas de temps perdu à se regarder le nombril, à se répéter, à tourner en boucle pour occuper l’auditeur. 5 morceaux. 15 minutes, dont deux pas loin des 4 minutes. Autant dire que ça dépote.
Surtout sur les 3 énormes, fantastiques, irréprochables Winners Chapel, Policeman et Death of the Social. Les meilleurs morceaux de Soft Soap. Difficile de ne pas les écouter en boucle, de ne pas sauter sur place, se jeter sur son canapé pour pogoter, avoir une envie furieuse de concert fou pour vraiment en profiter. Pour le coup, on regrette que ça ne soit pas un tout petit peu plus long, allez quelques seconds au moins. Difficile de ne pas garder les riffs de guitare, la voix, la basse, tout en fait dans l’oreille. Et pourtant, ce sont les cavaliers de l’apocalypse qui débarquent et qui hachent tout menu sur leur passage, un torrent de lave qui descend d’un volcan en furie et qui brûle tout. Et même le dernier morceau de l’album, Same Glue, quand le groupe se calme et nous propose une sorte de balade (vue à l’aune du groupe), c’est parfaitement réussi. Des guitares qui tricotent une mélodie tranquille, très harmonieuse, presque apaisée, mais un peu énervée quand même.
D’aucuns se souviendront peut-être de morceaux pas si ancien du groupe, Window Seat ou Keep it Cool. Super agréables et très intéressants, mais un peu (trop) dans le genre Supergrass. Avec Soft Soap, Cucamaras affirme son identité, passe au propre et au figuré à la vitesse supérieure et lâche les chevaux. Nous sommes prévenus. À suivre.
Alain Marciano
Bon, je les ai écoutés ces Cucamachin, c’est sûr qu’il y a les grattes un rien énervées mais pas forcément irrésistibles. C’est pas particulièrement « rugueux » non plus ou « abrasif, » la basse est loin d’être « dévastatrice », les vocaux son tout dans les normes du genre et le futur du rock est sûrement ailleurs, s’il en a un.
Maintenant, ils sont jeunes, ont les cheveux courts, viennent de nulle part, soit une ville de province qui a déjà beaucoup fourni en anciens futurs grands groupes mais s’ils changent de nom et se trouvent un peu de personnalité, un réel feeling, ça pourrait le faire.