Le premier album des Avignonnais de Caravan Motor vient rajouter de la chaleur à la canicule en balançant un pur Stoner made in Vaucluse, un Hard-Rock brûlant et poussiéreux comme une putain de route du désert texan… ou encore pire, un petit chemin rocailleux en plein Luberon. Une belle réussite Rock made in France !
C’est la canicule frérot !
Le genre de chaleur qui te fait perdre trois litres d’eau juste en levant le bras pour commander ta binouze à cinq euros. Pis dans mon coin c’est pas une fois l’an, genre juste deux heures entre midi et deux à 31,5°C. Non mon pote, c’est de la canicule de bonhomme, pas un coup de chaud à la Parisienne avec front brillant et auréole sous les bras tachant de sueur véganne ton petit haut Balenciaga. C’est un putain de four qui te fait couler de l’eau salée par tous les pores de ta peau, qui trempe tes vêtements comme si tes connards de copains à 3 grammes t’avaient poussé dans la piscine en plastoc de la petite soeur. Sauf que l’eau croupie est remplacée par une sueur malsaine aux relents de mauvais rosé et que tes connards de copains sont aussi dégoulinants que toi. Un putain de cagnard de fin juin qui t’assomme aussi rapidement qu’un album de Christophe Maé si tu tentes de foutre un bout de museau en dehors de chez toi. Alors c’est vrai, il y a la mer ! Mais essayer de trouver un mètre carré de sable blond pour y foutre ma serviette Jack Daniels sans me battre avec quelqu’un relève du défi. Trouver sa place sur cette plage -pourtant si belle en hiver !- entre une saloperie d’Allemand rouge comme un cul de babouin qui ronfle lourdement sa choucroute de bord de mer à 45 euros, un groupe d’ado braillard d’une banlieue quelconque maltraitant leurs moniteurs gauchistes à dreadlocks de 55 kilos et balançant des « Wesh Cousin ! » comme si il en putain de pleuvait ou éventuellement une famille modèle et ses 12 rejetons construisant un château de sable sur tes pompes en chantant la dernière merde de Squeezie. Ce sera non pour la plage mon pote, je me la garde pour moi tout seul….en Automne !
Et la canicule mon pote, je vais pas trop me plaindre, je suis les pieds dans l’eau pour ma part. T’imagines pas ce que c’est dans les terres du grand Sud. Va faire un tour à Toulouse en plein Juillet si t’as des couilles ! Va visiter le Palais des Papes en Avignon le 15 Août ! Ouais mon pote pour ma part c’est dans cette magnifique ville d’Avignon que j’ai pigé le terme si souvent galvaudé de canicule. Une putain d’étuve au milieu de ces remparts centenaires. Un putain de désert Californien enfermé dans une enceinte de pierre et béni par une ribambelle de papes schismatiques. Un air de famille finalement entre Josh Homme et le pape Clément V, entre le Desert Rock et la préfecture du Vaucluse.
Alors quand trois Avignonnais, en pleine canicule, décident de balancer leur premier album, du Rock en plus ! Le fantôme du grand Josh Homme vient directement planer au-dessus de la vierge d’or du Palais des Papes.
Anywhere vient ouvrir l’album et va donner le la de cette canicule sur vinyle. Un Hard-Rock sans complexe, brûlant comme le goudron vauclusien au mois de juin. Caravan Motor rajoute de la chaleur à la chaleur, de la moiteur à la moiteur, les riffs se font lourds (After Winter, Dancing with the Devil et son final Country-Blues rafraîchissant…), sales et poussiéreux, et la voix rocailleuse de Stephane Soler (guitare-chant) repasse une giclée de goudron brûlant sur des titres qui collent déjà bien aux godasses. Si Soler nappe de goudron ce Stoner Français avec ses riffs aussi lourds que les nibards d’Angela White et cette voix pleine de caillasse, c’est finalement la rythmique qui vient recouvrir le tout de belles plumes toutes blanches. Lionel Barrios (basse) et Laurent Stefani (batterie) tiennent la baraque avec fermeté n’hésitant pas à rajouter du plomb aux chaussures de certains titres (God is on vacation ou The Holy Water from the Holy Fountain) ou de hisser de ce bitume incandescent certains morceaux en allégeant la lourdeur des riffs grâce à la batterie de Stefani qui se fait légère, presque gracieuse et de la basse en retrait mais efficace de Barrios (Balloon Saloon ou l’excellente Benzin).
Un album du désert n’est pas sans rappeler les glorieux ancêtres du Queen Of The Stone Age ou Kyuss, mais d’autres influences affleurent chez ces passionnés de Rock bruyant. On frissonne aux effluves d’un proto-Stoner à la Soundgarden ou aux fines allusions d’un Blues-Rock redneck, texan jusqu’au bout du stetson, façon ZZ Top (avec le très Boogie et bien bourrin Dusty). Le très bon titre Spy or Die distille même des relents Metal où la voix de Soler fait merveille accompagnée d’une rythmique à l’unisson qui livre un bel hommage au Metal des 90’s.
Caravan Motor s’offre un premier album bourré de références, de clin d’oeil plus ou moins appuyés, mais ne verse jamais dans la caricature des glorieux ainés ou dans la paresse blasée de la pure imitation stylistique.
Stéphane, Lionel et Laurent ne sont plus des lapins de six semaines et ont compris, parfaitement digérés, les styles et les influences qui les ont traversés. Ils livrent un pur skeud de Hard-Rock poussiéreux et jouissif qui vient réveiller un Rock Français endormi et prouve à ces putain de Ricains que si l’on n’a pas de pétrole on a encore les outils pour aller le forer. Un premier album aussi brulant que ce putain de désert d’Arizona. Voire pire: La place du palais des Papes en Avignon !
Renaud ZBN
Pour les avoir vu en live, il m’est apparu qu’ils font partie des ces groupes qui prennent encore une autre dimension sur scène. A suive avec attention !