Un jeune informaticien travaillant sur un programme de cryptage révolutionnaire est assassiné alors qu’il s’apprêtait à faire une conférence. La Commandante Sanda, qui s’occupe de l’affaire, entraine le lecteur dans le monde de la finance et de la cybernétique. Un polar dystopique captivant.
Alors qu’il allait donner sa première communication à l’occasion d’une conférence sur le cryptage informatique, au Palais des congrès de Nice, Abel est abattu par un individu très discret qui s’évapore dans la nature. Abel, associé avec Alain, un ancien trader reconverti dans la vente de logiciels de trading aux banques, est un petit génie de l’informatique. Ensemble, ils ont fondé une start-up développant des logiciels innovants dans ce domaine très pointu du cryptage homomorphique. Un logiciel que seul Abel développe en secret, et qui est très convoité par les mafias des pays de l’Est.
L’enquête est confiée à la commandante Sanda mais elle est vite dessaisie, car Alain est lui aussi assassiné à Paris, alors que dans les deux enquêtes apparait le nom d’un oligarque kazakh dont les activités ne semblent pas très claires, notamment pour les dirigeants d’une des plus grandes banques françaises qu’il a escroquée d’une somme très coquette. Et, comme sa petite amie du moment a été très méchamment torturée avant d’être très horriblement assassinée, l’affaire prend une dimension nationale d’autant plus que l’oligarque en question bénéficie de l’appui de l’Etat et des services de renseignement qui le soutiennent dans ses ambitions politiques pour contrarier l’emprise russe au Kazakhstan.
La commandante Sanda ne lâche pas l’affaire et mène parallèlement sa petite enquête avec l’appui d’un de ses ex petits amis malgré les injonctions de sa hiérarchie et des divers services impliqués dans cette ténébreuse affaire qui mobilise plusieurs services de l’Etat, une grande banque, des puissances étrangères et bien sûr un mafieux très riche et très ambitieux. Les comptes se règlent très violemment, on torture sans vergogne, mais aussi à coups de cyber attaques qui déstabilisent tout un pays.
Les trois auteurs ont réuni leurs compétences et leurs connaissances du monde de la grande finances, de la cybernétique appliquée à la gestion occulte des mouvements de capitaux et de la géopolitique souterraine, celle qu’on n’évoque jamais dans les médias, pour écrire ce roman dystopique qui pourrait facilement devenir une réalité bien concrète. Il suffit pour s’en convaincre d’essayer de comprendre comment un conflit comme celui qui ravage actuellement l’Ukraine, tout en menaçant le monde entier, a pu naître et s’amplifier. Les meilleures analyses proposées par les inénarrables experts des télévisions du câble, et même les autres, ne nous convaincront pas qu’il n’y a pas d’autres intérêts en jeu pour provoquer un tel déferlement de violence. Alors, lisons ce livre de ces trois auteurs et nous pourrons mieux comprendre comment d’autres intérêts peuvent entrer dans le jeu géopolitique qui a dégénéré en un conflit impliquant plus ou moins les grandes puissances.
Ce livre montre bien aussi que la machine à tout faire que nous avons inventée pour gagner toujours plus en faisant toujours de moins en moins d’efforts pour mériter le confort dont nous bénéficions, peut se retourner contre nous, s’emballer et tout détruire dans sa folle épopée même si elle n’est que virtuelle. Le virtuel est peut-être plus dangereux que le réel, il est moins contrôlable, moins prévisible…
Denis Billamboz