[Live Report] Pixies et Klangstof au 106 (Rouen) : le paradis pour les singes, enfin !

Pour leur grand retour en France, avec deux ans de retard sur les dates initialement prévues, les Pixies ont débuté leur tournée au 106 de Rouen, en sachant que Paris n’est pas – pour le moment – prévu. On vous raconte ces deux soirées de bonheur, si vous n’avez pas pu y assister !

Pixies 106 Rouen
Pixies au 106 (Rouen) – Photo : Gwladys

Le premier soir…

Nous avions pris, il y a déjà bien longtemps, avant cet arrêt des concerts pour cause de pandémie, des places pour les Pixies… au 106 de Rouen. Nous y voilà enfin !

Ce sont les Hollandais de Klangstof qui ouvrent les festivités, à 20h30. Le nom du groupe signifie « réverbe de poussière » dans un mélange de néerlandais et de norvégien, la Norvège étant le pays où a grandi Koen van de Wardt, le chanteur. Musicalement, ça oscille entre post-punk mélancolique et envolées rock mâtinées d’électro à la Foals. Enfin, ça n’oscillera qu’une fois réglé un problème d’alimentation électrique qui surviendra dès le deuxième morceau. Koen semble gêné par ce contretemps, mais garde sa bonne humeur communicative, comme les autres membres du groupe : tout ce petit monde est visiblement super fier d’ouvrir pour les Pixies. Et ils n’auront pas à rougir : le problème technique résolu, leur set s’avère carré, efficace, et est très bien accueilli par un public qui arrive tardivement. Une petite demi-heure plus tard, c’est déjà fini, place aux Pixies !

Black Francis au 106 (Rouen) - Photo : Cédric RizzoC’est à 21h30 que le quatuor bostonien fait son entrée, sous les acclamations d’un public conquis d’avance. On reconnait d’emblée les premières notes de Gouge Away, et on voit sur le visage de Black Francis un sourire inhabituel… Beaucoup d’émotion, du coup : ils avaient probablement autant besoin de ce concert, le premier d’une longue tournée, que nous, leur public. Avec une telle entrée en matière, le concert ne pouvait qu’être magnifique, et il le sera. Le son n’est pas idéal, trop fort sans doute, avec la voix de Frank Black sous-mixée, surtout au début (bon c’est Frank Black et son coffre exceptionnel donc ça va, on l’entend quand même !), mais l’enchaînement de morceaux parfaits remporte l’adhésion. La capacité du groupe à aligner une trentaine de titres sans setlists devant eux, sans pause de plus de 15 secondes entre les morceaux, et sans communiquer à part quelques signes (on pense avoir vu Frank Black esquisser un V avec ses doigts avant d’attaquer Velouria, il doit y en avoir d’autres dans le même genre) impressionne. De l’EP Come On Pilgrim à There’s a Moon On, petite nouvelle extraite du futur album Doggerel à paraître en septembre, presque tout y passe, avec quand même une nette prédilection pour les débuts du groupe… ce qui, évidemment ne gênera personne !

On a le droit de regretter l’absence de morceaux d’Indie Cindy, génial album de la reformation, trop souvent sous-estimé. Mais ce serait vraiment faire la fine bouche que de critiquer ce set exemplaire, qui atteindra son apogée pour une bonne partie du public sur les hits Where is My Mind ou Debaser, et sur d’autres morceaux moins consensuels, comme Cactus (dès le deuxième morceau, du coup !), Tame, Caribou, Break My Body, River Euphrates, Nimrod’s Son, Planet of Sound… Difficile de ne pas  toutes les énumérer… Mention spéciale à l’inattendue Gigantic, qui voit Paz Lenchantin oser marcher dans les pas de Kim Deal, mais sa voix délicieusement fausse a fait le job sans problème. Après l’intérim assuré par la regrettée Kim Shattuck, que nous avions beaucoup appréciée, Paz est maintenant officiellement « une Pixie », et ça semble lui faire bien plaisir, ainsi qu’à tout le public, d’ailleurs.

Nous n’obtiendrons rien de plus de notre frontman adoré que quelques signes de la main, et pas un mot non plus des trois autres membres du groupe, Joey Santiago étant d’ailleurs plutôt taciturne ce soir. Mais est-ce vraiment nécessaire ? La joie immense que nous ressentons pendant tout le concert prouve à notre avis que non. Reste l’inconnue de la setlist du lendemain. La qualité de ce premier concert incroyable, qui n’était perfectible qu’au niveau du son, tant la performance des musiciens était parfaite, fait qu’on pourrait faire, malgré quelques regrets quand même, avec une setlist totalement identique…

 

Pixies 106 Rouen 2
Pixies au 106 (Rouen) – Photo : Guillaume

Le second soir…

Klangstof assurent à nouveau la première partie, mais leur set semble un peu moins carré que la veille bizarrement, malgré l’absence de problèmes techniques cette fois. Un peu de fatigue peut-être pour le groupe qui doit avoir perdu l’habitude des tournées ? De toute façon, le public a eu l’air d’apprécier, allumant même quelques briquets… pardon, smartphones sur une ballade, ce qui plaît beaucoup à Koen van de Wardt, qui semble toujours très heureux d’être là, et nous souhaitera un bon concert des Pixies.

21h30, les Pixies entrent en scène, et ça commence bien pour nos envies de setlists différentes, car c’est la cover de l’instrumental des Surftones, Cecilia Ann, qui ouvre le bal. Et le groupe continue d’enchaîner avec des morceaux différents de la veille, comme I Bleed ou Mr Grieves. Mais il reste beaucoup de redites pour nous qui avons fait les deux dates : une dizaine seulement de morceaux sont différents sur la trentaine jouée, là où à l’Olympia il y a 9 ans, le ratio était inverse. Nous avons quand même la chance d’entendre Ed is Dead, Rock Music (quel morceau incroyable !), ainsi que la magnifique, et très calme Motorway to Roswell. Toujours aucun morceau d’Indie Cindy, et ça c’est vraiment dommage…

Comme la veille, tout le groupe semble heureux de jouer, y compris Joey Santiago qui est plus souriant que lors du premier concert, et qui nous offre un impeccable solo sur Vamos, joué à l’aide d’une… serviette ! Notre chanteur adoré ne se montrera cependant pas plus loquace que la veille. Sur Where is My Mind (jouée en fin de set contrairement à la veille), Gigantic (où Paz Lenchantin nous gratifie à nouveau d’une interprétation fidèle), Debaser ou Here Comes Your Man, c’était la folie dans le public ! Bon, une folie quand même raisonnable du fait de la moyenne d’âge élevée du public, mais cela aura suffi pour faire plaisir au quatuor de Boston.

Les Pixies auront su réussir les deux soirs ce que tout bon concert se doit de faire : ils nous ont fait ressentir, via leur musique intemporelle et grâce à une interprétation sans faille, une joie immense que nous leur avons transmise en retour. Et c’est bien pour cela que nous allons voir des concerts, et qu’est-ce que ça fait du bien de pouvoir vivre cela à nouveau !

Texte : Mimie PunkChou
Photos : Gwladys / Guillaume / Cédric