Le nouvel album du désormais duo (Taylor Mulitz et Emma Baker ) américain Flasher Love Is Yours contient quelques bons titres et les conforte comme ancien espoir de l’indie-pop.
Le trio de Washington D.C n’est plus. Et pour cause, le bassiste s’est barré juste après la tournée qui a suivi la sortie de leur premier album Constant Image (2018). Puis c’est au tour du guitariste Taylor Mulitz de quitter sa ville natale pour emménager à Los Angeles. Et laisser la chanteuse-batteuse Emma Baker, seule dans la capitale fédérale.
Avec les nouvelles possibilités de la « distance-music », ces deux derniers vont continuer à composer et préparer leur second album. Enregistrés chez leur pote Owen Wuerker, les treize titres de Love Is Yours fleurent bon l’incertitude. Exit le son brut et autres tics psyché-punk. A présent, on pense plus aux Dandy Warhols ou aux Pale Saints pour les guitares, le psyché nébuleux et le sens aiguë de la pop.
Flasher nous embarque donc aussi bien dans les 90’s avec un Little Things lo-fi et I Saw You aux riffs salutaires. Ces deux titres catalysent vitalité et borderline tels que Pavement l’avait érigé en dogme. Wuerker fait de petits miracles à la basse et aux divers sons électroniques et trouve la parfaite synthèse entre production cheap et mixage hi-fi. Tangerine prolonge le plaisir avec des sons 80’s qui croisent ceux de la décennie d’après, grâce aux voix de Baker et Mulitz parfaitement en phase. Le single Sideways groove comme un arrêt de bus sur Sunset Blvd, guitare et voix en mode funky et cool. Un simili tube qui fait tache dans le disque, mais on l’aura compris, Flasher tente de passer à la vitesse supérieure même si le moteur est convalescent.
Quelques babioles instrumentales arty et voilà qu’ I’m Better sonne comme une Cadillac sixties en rodage, que Still Life parvient à faire oublier avec un bon shoegazing de salon. Le groupe n’échappe pas à certaines facilités sur Love Is Yours qui tourne en rond malgré de sympathiques trouvailles ou sur Nothing au bâillement contagieux. Plus qu’un album évolutif, c’est avant tout celui d’une résurrection qui leur ouvre des perspectives.
Mathieu Marmillot