Yuto Susuki est la nouvelle star japonaise du Shonen et, à ce titre, bénéficie d’un lancement en France en grandes pompes. Action, émotion et fous rires garantis !
Le pitch rappelle celui de la franchise hollywoodienne John Wick : retraité depuis des années, le plus fameux des tueurs à gages japonais est amené à reprendre du service et à affronter ses anciens camarades. Sa tête mise à prix pour une fortune, les assassins, tous aussi vaniteux et bavards, se précipitent.
Le ton est franchement humoristique. Taro Sakamoto a démissionné après avoir rencontré l’amour, il est désormais marié, père de famille et gère sa supérette. Il mange trop, a pris du poids et arbore une petite moustache démodée. Or, il a fait deux promesses à sa belle, des serments manifestement contradictoires : celui d’aider les gens du quartier et celui de ne plus tuer. Dès les premiers chapitres, il se lie avec Shin, un jeune assassin télépathe, et avec Lu, l’héritière esseulée d’une triade chinoise. Il les embauche au salaire de 6,50 € de l’heure. À l’instar de One Piece, Susuki peut ainsi démultiplier ses combats et nous en mettre plein la vue.
Oubliez les quêtes épiques et les sauvetages massifs, Sakamoto n’aspire qu’à vivre en paix. L’alternance entre des scènes tranquilles dans l’épicerie, où Sakamato se révèle un père de famille attentif, un excellent commercial et un bon pédagogue, et des combats violents et extrêmement rapides renforce le caractère comique. Il est vraiment très fort. Imperturbable, il court, vole et stoppe un bus en pleine course. À l’image de John Wick, le moindre objet placé dans ses mains peut se révéler létal, ou presque. Soucieux de plaire à sa douce et joyeuse épouse, il se refuse à céder à la colère et ne s’autorise plus qu’à tuer ses adversaires par l’imagination… Seul son camarade télépathe, et nous les lecteurs, en sommes conscients. Ce double jeu renforce son côté sympathique.
Dans le tome 2, nos compères affrontent un empoisonneur neurasthénique, puis un tueur hard-boiled et une jeune fille fatale dans un parc d’attraction. L’enjeu est de protéger la femme et la petite fille de Sakamato, sans qu’elles ne s’en rendent compte, source d’innombrables quiproquos. Au fil des combats, Susuki pose son univers en distillant des informations sur le passé de son héros et sur les règles qui régissent la FJA, la société de tueurs professionnels japonais.
Les scènes d’actions sont nombreuses et variées. Le dessin est classique et la rapidité particulièrement bien simulée. Susuki est lui-même un homme pressé, ses chapitres se succèdent sur un rythme soutenu. Dans ce type de scénario, la caractérisation du « méchant de service » est capitale, or, les premiers adversaires ne déçoivent pas. Le succès semble assuré, les tomes suivants ne devraient pas tarder.
Stéphane de Boysson