Encore une série TV qui n’a pas su s’arrêter à temps : pourquoi a-t-il fallu faire jouer la photocopieuse dans une troisième saison de Umbrella Academy qui a perdu sa magie et répète des trucs déjà vus et revus, sans imagination ?
Ayant à peu près épuisé toutes les idées brillantes et farfelues que Gerard Way avait entassées dans sa Bande Dessinée The Umbrella Academy, les scénaristes de l’équipe de Jeremy Slater et Steve Blackman se sont trouvés for dépourvus. Alors, sans que ce soit une surprise, juste une déception, ils se sont dit : « il n’y a qu’à refaire la même chose que dans les deux premières saisons, mais en pire, et dans une nouvelle ligne temporelle ! ». Aussitôt dit, aussitôt fait, et nous voilà quelques mois plus tard devant une troisième saison de cette belle série que fut The Umbrella Academy, qui n’a tout simplement plus la même magie.
Sans spoiler, puisque la photocopieuse des scénaristes a fonctionné à plein régime, voici nos héros dysfonctionnels affrontant pour la troisième fois une menace d’apocalypse (mais cette fois, elle semble bien inarrêtable !), dont la source est encore Vanya (plus indirectement cette fois, mais bon…) et ayant à déjouer les pièges tendus par un père toujours aussi machiavélique. Bref, tout cela est prévisible au possible, et il n’y a guère que la manière dont les scénaristes pourront se sortir de l’impasse dans laquelle ils se sont mis eux-mêmes qui puisse susciter de l’intérêt : malheureusement, le dernier épisode, qui résout la situation sans réelle explication, s’avérera l’ultime déception de la saison.
Alors pourquoi regarder ces 10 épisodes superfétatoires, demanderez-vous, alors que le show runner est lui-même conscient de son échec, l’illustrant rapidement par la reprise dans la BO du célèbre – et dépressif – No More Heroes des Stranglers ? Sans doute parce que l’on a développé une véritable affection vis-à-vis de la fratrie Hargreeves, et que le fait que la saison se penche plus cette fois sur les personnages de Diego et Klaus (Robert Sheehan, touchant comme toujours…) renouvelle un peu les sujets. Leur affrontement – interminable – avec leurs équivalents dans la nouvelle ligne temporelle, formant the Sparrow Academy, ne manque pas de sel… Sans parler du fait que l’on pourra réfléchir sur le fait que cette fratrie-là, ayant réussi à contrôler les maléfices de leur père, a quant à elle sombré dans la violence et la haine, à la différence de nos amis du parapluie, détruits par l’Œdipe mais qui ont gardé une sorte de sens de la famille, aussi bringuebalante soit-elle.
Et puis, comme pour illustrer la théorie si française qu’un film est avant tout le récit de son tournage, il se peut aussi que le plus passionnant soit la prise en compte par la série de la transformation d’Ellen Page en Elliott Page, après son coming out de la saison précédente. Avec une coupe de cheveux réalisée « live » (enfin, c’est ce que l’on veut que nous pensions), la fille, la sœur, devient un garçon, un frère : la simplicité et la gentillesse avec lesquelles Viktor qui remplace Vanya est accueilli dans la famille est indiscutablement un modèle qui fait chaud au cœur.
Cela dit, même si la conclusion du dernier épisode laisse ouverte la possibilité d’une nouvelle histoire, on espère très fort que ça ne sera pas le cas, et que The Umbrella Academy s’arrêtera là, après cet échec.
Eric Debarnot
Umbrella Academy – Saison 3
Série US de Jeremy Slater et Steve Blackman
Avec : Elliott Page, Tom Hopper, Aidan Gallagher, David Castañeda, Robert Sheehan…
Genre : Science-fiction, action, drame, comédie
10 épisodes de 50 minutes mis en ligne (Netflix) le 22 juin 2022
[Netflix] Umbrella Academy – Saison 2 : Love hurts ! (l’amour, ça fait mal !)