Que l’on soit un vieux fan du Wedding Present ou que l’on découvre au contraire leur musique, les versions légères de leur meilleures chansons offertes sur ce second volume des sessions d’enregistrement effectuées par le groupe durant la pandémie s’avèrent un ravissement.
Un peu oublié désormais de ce côté-ci de la Manche, The Wedding Present furent au cours des années 80-90 l’un des principaux groupes anglais produisant de la musique réellement bruyante (à des niveaux de décibels totalement interdits désormais en France !), dans un registre beaucoup moins psychédélique que leurs collègues de My Bloody Valentine : une musique plutôt raide, rapide, d’une grande intensité, qui toucha les sommets avec les albums Bizarro (1989) et Seamonsters (1991), et avec une série de singles sortis mensuellement en 1992 et regroupés en deux volumes intitulés Hit Parade 1 et 2.
Depuis cette époque dorée, David Gedge et sa bande – à géométrie variable, et aux membres eux-mêmes très variables – ont poursuivi leur bonhomme de chemin, accompagnés par de nombreux fidèles à travers l’Europe toujours heureux de les revoir régulièrement sur scène. La production discographique du Wedding Present s’est raréfiée, ou tout du moins consiste largement en la publication de sessions live ou studio où Gedge reprend ses « classiques », pour notre plus grand bonheur.
La pandémie ayant mis en terme temporaire à l’activité scénique du groupe, Gedge, comme de nombreux autres artistes, a utilisé cette « liberté » forcée pour réenregistrer ses chansons préférées ainsi que quelques reprises sur un mode plus dépouillé : il s’agit principalement (mais pas seulement…) de « versions acoustiques », qui plus est reconstituées à partir d’interprétations à distance des musiciens qui n’étaient pas ensemble. Gedge a, qui plus est, mis à contribution pour ces nouvelles versions d’anciens membres du groupe (comme ici le guitariste Paul Dorrington sur Blue Eyes), et laissé occasionnellement les parties vocales à Melanie Howard, la bassiste actuelle du groupe (That Would Only Happen In a Movie, un inédit…). Cette relecture plus légère de nombre de brûlots – en particulier ceux ayant bénéficié à l’époque de la production « extrême » de Steve Albini – , leur offre la possibilité de prendre l’allure de… chansons, plus classiques : on a donc l’impression de découvrir pour la première fois certaines mélodies, certaines paroles, et ce n’est pas là l’un des moindres intérêts de l’exercice.
Si ce second volume des sessions nous intéresse plus encore que le premier, c’est qu’il contient plusieurs des meilleures chansons du groupe : Everyone Thinks He Looks Daft (de George Best), le formidable Brassneck, en ouverture, le titre le plus connu du groupe (« I’ve just decided I don’t trust you anymore ! » – je viens de décider que je ne te fais plus confiance…), le charmant Blue Eyes, l’un des meilleurs singles du groupe. Nous avons droit aussi à deux autres extraits de Bizarro (les mélodiques What Have I Said Now? et No), et deux de Seamonsters : Dare et surtout Octopussy, ce dernier dans une version réellement différente de l’originale, ralentie, et en tous points splendide… qui offre la meilleure conclusion possible à cet album…
… un album qui peut-être soit une manière de se souvenir du talent de ce groupe, soit une introduction douce à leur univers beaucoup plus subtil que l’approche radicalement « in your face » des albums pouvait le laisser penser.
Eric Debarnot