On n’attendait sans doute beaucoup trop de ces dernières quatre heures de la quatrième saison de Stranger Things, qui vont certainement laisser bien des fans frustrés. Explications…
On connaît désormais la stratégie de Netflix pour répondre à la récente hémorragie d’abonnements, et l’un des axes choisis a été l’arrêt de la diffusion systématique des séries en une seule fois, afin de forcer les fans à rester sur la plateforme. Avec cette quatrième saison de Stranger Things, cette stratégie devient assez caricaturale, les deux derniers épisodes ayant été retardés d’un mois, afin de garantir sans doute les abonnements des mois de juin et juillet. D’un autre côté, la durée totale de ce final approchant les 4 heures, les Duffer Brothers auraient très bien pu les diviser en bien plus d’épisodes et Netflix faire durer bien plus le plaisir : estimons-nous donc heureux…
La vraie question est plutôt de savoir si cette conclusion de l’avant-dernière saison de l’une des séries phares de Netflix va satisfaire les fidèles, après sept épisodes qui en avaient stimulé (renouvelé ?) l’intérêt. Et la réponse est malheureusement incertaine. Si les frères Duffer prennent clairement leur œuvre très au sérieux, puisqu’ils ont réalisé ces deux épisodes, c’est du côté du scénario que Stranger Things se met à clocher sérieusement.
Papa, l’avant-dernier épisode, plus sombre que les précédents, fonctionne bien en tant que préparation pour le grand final, et sert surtout à clore le sujet du laboratoire et des rapports entre Eleven et son abominable « papa » manipulateur. Malheureusement, la partie russe – la partie « adulte » de l’histoire – semble définitivement déconnectée du reste, et n’ajoute pas grand-chose, si ce n’est quelques plaisanteries et un peu d’action traditionnelle dans la lutte contre les Démogorgons.
Le problème est plutôt cet interminable dernier épisode, The Piggy Back, qui aurait pu être facilement coupé d’une quarantaine de minutes, et qui n’apporte aucune résolution claire au combat entre nos jeunes héros et Vecna / Un. Était-ce vraiment nécessaire de monter une situation aussi compliquée que cette idée de connexion – qui ne servira à rien, en fait – entre des personnages géographiquement éloignés, pour aboutir de toute manière à l’inévitable – et prévisible – duel de super-pouvoirs entre El et Vecna ? Pourquoi les Frères Duffer hésitent-ils tant à sacrifier un personnage principal, envers et contre toute logique, alors que tout le monde sait bien depuis Game of Thrones que la mort des « héros » est l’un des éléments de satisfaction des téléspectateurs ? Pourquoi tant d’incohérences et d’approximation dans un scénario à trous, indigne de la qualité générale de la série, et qui met à mal la croyance du téléspectateur ? A quoi riment ces loooongues – et assez niaises – scènes de retrouvailles qu’on pourrait zapper sans problème ?
Soyons sincères, tout n’est pas mauvais dans cet épisode, et la partie tournant autour de Eddie est très divertissante : que ce soit la scène wtf mais jouissive de l’interprétation par notre « metalhead » du Master of Puppets de Metallica afin d’attirer les chauves-souris (… et qui nous laisse espérer que ce titre connaîtra un même regain de popularité que le Running Up That Hill de Kate Bush ?), au encore cette attraction naissante entre Will et Eddie, qui nous attache encore aux deux personnages.
Et puis, il y a ces derniers plans apocalyptiques qui laissent entendre que la dernière saison ne pourra plus a priori suivre le même canevas que les précédentes (des enfants / ados luttant contre des démons à l’insu du monde adulte) : espérons que ce changement d’échelle qui semble inévitable apporte un nouveau souffle à une série qui aurait gagné à se terminer plus tôt.
Eric Debarnot
Stranger Things – Saison 4 – Volume 2
Série américaine créée par Matt et Ross Duffer
Avec : Millie Bobby Brown, Winona Ryder, David Harbour,…
2 épisodes respectivement de 1h25 et 2h20
Mise en ligne (Netflix) le 1er juillet 2022
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