Après avoir été impressionnés par le live de Metro Verlaine au Supersonic, nous avons voulu rencontrer ces jeunes « vétérans » du Rock normand, et nous avons pu recueillir les propos de Raphaëlle sur le passé, le présent et le futur du groupe…
Benzine : Si tu devais définir Metro Verlaine à quelqu’un qui n’a jamais entendu parler de vous ou écouté votre musique, qu’est-ce que tu dirais ?
Raphaëlle : C’est une musique en deux parties, une partie violente et sombre et une partie sweet, vaporeuse. Le groupe est dans la dualité : c’est un concept qui nous est venu quand on a composé notre premier album, et au début on utilisait les termes « romantique » et « électrique », ce qui correspond aussi à la dualité entre Axel et moi. Je suis optimiste, j’écoute de la funk, il écoute des choses sombres, du post punk. Donc notre musique est à la fois froide et vaporeuse… On est un vieux groupe (rire), on a eu le temps de réfléchir à tout ça…
Benzine : Justement, raconte-nous un peu la genèse du Metro Verlaine…
Raphaëlle : On s’est rencontré, Axel et moi, dans un bar, à Evreux – c’est la ville où on est tous les deux nés et où on habite. Axel venait d’un voyage à Londres qui ne s’était pas bien passé, il était dans « la lose »… Il a pris une guitare, je me suis mise à chanter alors que je chantais pas… En fait, je le faisais juste en soirée quand j’avais 3 grammes dans le sang (rire). Je pense que je j’essayais de séduire Axel !
Benzine : Mais Metro Verlaine, c’est un duo ou un groupe ? Quand on vous a vus sur scène au Supersonic, ça sonnait comme un vrai groupe…
Raphaëlle : Oui, il y les copains, qui sont là pour le live, ils sont importants. Mais genèse, la gestion et la communication du groupe, c’est Axel et moi, on est l’essence du groupe.
Benzine : ça veut dire qu’ils pourraient changer, les autres musiciens ?
RaphaëlIe : Oui, ils peuvent changer les musiciens, mais ça serait triste, car ce sont des vrais potes. Mais oui, Metro Verlaine, c’est nous deux…
https://youtu.be/jdJ5ZTzA8y4
Benzine : Et ce nom de Metro Verlaine, il vient d’où ?
RaphaëlIe : Le nom vient de la genèse du groupe : Axel avait passé beaucoup de temps dans le métro londonien, à jouer, à faire la manche, et ça l’a marqué. Et on est tous les deux fans de poésie, particulièrement de Rimbaud. On a donc commencé avec Metro Rimbaud, pour illustrer cette dualité, justement, entre la crasse du métro et la beauté de la poésie. Et puis on s’est dit qu’en anglais ça ne le ferait pas : (elle prend l’accent anglais) Me-tro-rain-bow ? Alors pourquoi pas plutôt Verlaine ? L’amant de Rimbaud, le modèle de loser magnifique avec un un talent monstrueux, ça nous parlait beaucoup…
Benzine : Et qui sont les artistes et les groupes qui vous ont influencé ou vous influencent ?
RaphaëlIe : Pour Axel, c’est donc le post punk anglais des années 80, mais aussi les groupes plus récents comme Fontaines DC, Shame… Et toute la scène new-yorkaise du CBGB : Blondie, Patti Smith, Television surtout… oui, Tom Verlaine !
A titre personnel, c’est la soul, la funk… Mais ça n’intervient pas vraiment dans notre musique, sauf dans mon chant… Donc pour moi, ce serait Nina Simone, Billie Holiday, Amy Winehouse qui est incontournable, et puis les groupes de Motown comme The Supremes… The Crystals aussi…
Benzine : A propos de voix soul dans le rock, on a vu les BellRays la semaine dernière à la Maroquinerie. C’est donc bien possible de mélanger ces genres…
Raphaëlle : Oui, les BellRays, c’est formidable… Mais il n’y a qu’eux qui font ça !
Benzine : Vous avez laissé passer pas mal de temps entre vos deux albums, qu’est-ce qui s’est passé ? L’effet de la pandémie ?
RaphaëlIe : Oui, principalement, c’est à cause du Covid. C’était en mars 2020 qu’on devait partir à New-York enregistrer notre second album avec Jared Artaud de The Vacant Lots ! Mais tout s’est arrêté d’un coup… On s’est retrouvés bloqués à la maison, alors on a tout repris à zéro, les chansons qui étaient prêtes, et on a refait ce deuxième album simplement à deux. On a décidé de faire les maquettes tous seuls, puis sur l’été 2020, quand on a pu, on est allés au studio Quicksilver à Saint Jean de Luz. Quand tout est vraiment reparti, on l’a finalisé en 2021…
Benzine : Quelles sont les principales sources d’inspiration pour votre musique aujourd’hui ?
RaphaëlIe : Un peu tout ce qui nous entoure, toute la beauté qu’on peut trouver partout autour de nous. C’est très positif… Mais aussi pas mal de ce qu’on a pu vivre dans notre enfance, parfois le passé pointe son nez…
Benzine : Les paroles de chansons sont aussi passées du français à l’anglais ? Qu’est-ce qui s’est passé ?
RaphaëlIe : Rien de particulier, juste l’envie de passer à l’anglais. Funeral Party a été le premier titre de l’album qu’on a composé, les mots en anglais collaient très bien, alors on s’est dit qu’on pouvait se faire plaisir, tout s’autoriser. Et puis, en général, on avait envie de faire quelque chose de plus violent, cette fois, pour reproduire le live, et là, le français faisait très « cliché »…
https://youtu.be/OO07P_Eg6BQ
Benzine : Quelle est, selon toi, la pertinence du rock’n’roll dans une société où d’autres types d’art ou d’activités attirent les jeunes ?
RaphaëlIe : On ne peut pas généraliser, il y en a toujours plein de jeunes qui adorent le Rock… Moi, tant que je kiffe ce que je fais sur scène, je n’ai pas d’a priori. Dans notre public, il y a beaucoup de jeunes issus de milieux différents, mais aussi de quarantenaires. Et puis, quand on a fait la première partie des Buzzcocks, quasiment tout le public était composé de cinquantenaires. Dans tous les cas, ça me va bien !
Benzine : Comment voyez-vous le groupe progresser par rapport à ce que vous êtes aujourd’hui ?
RaphaëlIe : Tout ce que je nous souhaite, c’est qu’on fasse plein de dates, et qu’on puisse sortir un troisième album avant la fin 2023. Tourner, tourner, tourner, pour continuer à pouvoir vivre de ce métier !
Propos recueillis par Eric Debarnot le 19 juillet 2022