Nous étions venus à la Maro ce soir, pleins de nostalgie d’une époque où Blood Red Shoes étaient ce qui se faisait de mieux en termes de pop bruyante et énervée… Et le miracle a eu lieu, les quinze années passées ont semblé n’avoir jamais existé.
Blood Red Shoes, en 2008, c’était l’un de nos groupes favoris, toutes catégories confondues : des chansons irrésistibles, des vocaux édéniques, un amour du noise que nous partagions largement, que pouvions demander de plus à Steven et Laura-Mary ? Et puis les années ont passé, le succès populaire n’est jamais venu, les albums ont été – un petit peu – moins convaincants, et, ingrats que nous sommes, nous avons peu à peu négligé ce duo d’exception. Négligé, mais pas oublié, et nous sommes nombreux, très nombreux en fait, à faire la queue en ce jeudi 21 juillet devant la Maroquinerie, sold out ce soir, pour voir si notre amour a résisté au temps…
20h : GLU ! Derrière ce nom qui colle, se dissimule Michael Shuman, le bassiste de Queens Of The Stone Age, déjà actif à la tête du groupe angeleno Mini Mansions… Avec un projet solo, qui change assez radicalement de ce que l’on attendrait logiquement de lui : des morceaux faisant l’équilibre entre vocaux rappés et pop lyrique, aventureuse, mélodique et parfois un peu atmosphérique. Bref, une musique que l’on pourrait qualifier de « bien dans l’air du temps », sauf que Shuman rajoute sur la plupart des titres une guitare très, très rock qui grince, qui palpite, qui tour à tour désoriente et excite. Comme en plus, il chante très, très bien et a une vraie présence scénique, il réussit à atteindre des instants de vraie beauté. Malheureusement en solo sur des bandes (a priori il a joué tous les instruments sur ces titres !), il nous livre un set original, qui s’avère finalement très recherché. On peut regretter une certaine rigidité qui paralyse l’émotion, mais il ne s’agit ce soir a priori que de son 5e ou 6e set, et avec deux morceaux publiés seulement, on comprend qu’il se cherche encore et reste concentré et prudent. Superbe découverte néanmoins, et 30 minutes passionnantes.
21 h : Laura-Mary et Steven ont annoncé une tournée où ils célèbreraient les classiques du groupe, d’où notre surprise et légère déception de les voir entrer en scène accompagnés de deux musiciens et débuter leur set par trois titres de l’album Get Tragic de 2019. Tant qu’à faire, on aurait préféré une visite de leur dernier disque, Ghosts on Tape… Bon, sinon, pendant que nous prenons notre mal en patience, nous constatons que Steven Ansell, quinze ans plus tard, reste un batteur / ange blond à la voix divine et à la frappe démentielle. Et que Laura-Mary Carter a appris à sourire (si, si !), mais reste malgré sa beauté frappante l’une des guitaristes les moins charismatiques qui soit…
Et puis on en arrive au quatrième titre, Laura-Mary et Steven restent seuls sur scène, et on retrouve le Blood Red Shoes de nos souvenirs : It’s Getting Boring by the Sea, chanson merveilleuse, et déluge de guitare et de vocaux frénétiques sur un beat hystérique, fait basculer instantanément la Maro tout entière dans le bonheur. Et la folie furieuse. Le pogo est général, la clim semble avoir rendu l’âme, la sueur dégouline, le son est dantesque, et dans une orgie sonore étourdissante, on se souvient combien ce groupe est extraordinaire : « Blisters ! Blisters ! Blisters ! ».
Mais la folie ne fait que commencer : pendant une trentaine de minutes, la tension – et la température – ne va pas baisser d’un cran, et Blood Red Shoes vont enchaîner les merveilles tirées de leurs premiers albums : Cold, Don’ Ask, Light It Up, This is Not For You… que des tueries absolues. Les oreilles laminées par la guitare hyper-saturée et par la frappe hystérique de Steven, le dos brisé par les coups reçus des pogoteurs hilares, le concert devient une pure folie, dont on ne veut pas voir, jamais, jamais, la fin…
Mais tout a une fin, on le sait bien, et les deux musiciens additionnels reviennent, pour reprendre le cours de l’histoire, et revenir au présent : on visite maintenant Ghosts on Tape, très bel album au demeurant, mais évidemment en retrait de ce que l’on vient de voir et d’entendre. Curieusement, alors que notre intérêt se relâche un peu, le single méconnu God Complex, dont le romantisme noir nous ramène à l’époque du Cure de Disintegration, se présente comme une promesse étonnante d’une autre piste possible pour le futur de Blood Red Shoes.
On n’ose espérer un rappel, non inscrit sur la setlist, mais oui, ils reviennent, et pas pour rien : pour le sublime I Wish I Was Someone Better, l’une des meilleures chansons jamais écrites par Blood Red Shoes (« Made a mistake, I made a mistake / I wear the scars to show my shame ») et merveilleusement chantée par Steven. Et puis pour le complexe et psychédélique Colours Fade, sept minutes parfaites concluant un set de 1h30 qui se sera avéré l’un des plus intenses, les plus furieux que l’on ait vus du groupe.
A la fin, bras dessus, bras dessous, Steven et Laura-Mary nous saluent, l’air profondément heureux de cette réception exceptionnelle reçue ce soir à la Maro de la part d’un public extatique qui leur était totalement dédié. Non, un « feu comme ça », on n’en voit pas tous les jours…
Texte : Eric Debarnot
Photos : Robert Gil
Bonjour,
Je ne partage absolument pas votre avis sur la première partie. En effet j’ai trouvé les compositions sans intérêt, les bandes qui l’accompagnent rendent l’ensemble naze et le chant n’est pas bon non plus. Emmerdement et désapprobation devant tant de nullité.
D’autre part contrairement à ce que vous écrivez Laura-Mary Carter n’a pas appris à sourire (!) et ne cherche pas non plus à être charismatique (!!). Il s’agit d’une personne réservée un point c’est tout. Je ne vois pas ou vous allez chercher de telles approximations psychologiques… Un peu de discernement serait souhaitable.
Bonjour
Tous les avis sont bien entendu valables. Le vôtre comme le nôtre. Nul besoin de terminer votre commentaire par une note agressive ! Merci en tout cas de passer nous lire !
Entendu.
Cependant je constate que vous ne répondez pas sur les deux remarques de fond (je ne parle pas des goûts et des couleurs qui sont différents suivant les personnes) et j’ajoute que ce n’est pas parce que je ne suis pas d’accord avec vous que je suis agressive ! Je suis restée polie. Vous avez quand même une curieuse façon d’interpréter la contradiction. Enfin pour conclure je constate quand même que vous critiquez souvent les traits de caractére supposés des femmes mais rarement voire jamais celui des hommes ce qui est pour le moins bizarre…
Bien à vous.
Je ne vois pas très bien ce que je peux dire par rapport à vos remarques : 1) j’ai effectivement trouvé la musique de GLU très intéressante, moderne et originale, avec un bonne voix et de belles parties de guitare. Si ce n’est pas à votre goût, je le respecte absolument 2) j’ai toujours pensé que le manque de charisme – quand même assez indiscutable – de Laura-Mary était un frein au succès du groupe, car qu’on le veuille ou non, le fait d’aimer être sur scène et communiquer avec son public fait partie du « travail » de l’artiste. Les gens « réservés » comme vous dites ont quand même plus de mal dans ce genre de métier. Enfin votre procès de machisme primaire à mon égard me paraît sérieusement déplacé, et même injuste (j’essaie de ne pas être critique dans mes chroniques vis à vis des artistes, dont je respecte le travail, d’une manière générale, mais j’essaie de pointer sans être négatif les petits travers que certains ont sur scène, qu’ils soient hommes ou femmes, ce qui me paraît logique dans le cadre d’un live report complet…), mais bon, là encore, vous pensez ce que vous voulez, bien entendu.