Désormais il faudra compter avec le cinéaste roumain Bogdan George Apetri qui signe avec Dédales un second film captivant. Un thriller dans lequel un drame va bouleverser la vie d’une jeune nonne et d’un inspecteur de police.
Après un précédent film passé quelque peu inaperçu – paru directement en VOD et DVD fin décembre 2021 – le réalisateur roumain Bogdan Georges Apetri revient cette fois avec un long métrage distribué en salle. Un film en deux parties bien distinctes.
Dans la première, on suit une novice, une jeune femme qui se destine à devenir nonne dans un couvent en Roumanie, se rendant discrètement en ville sans prévenir personne pour un rendez-vous à l’hôpital. Quasiment en temps réel, on suit cette jeune femme, dans le taxi qui la conduit en ville, puis à l’hôpital puis en ville avant son retour où un terrible drame se va se produire.
La seconde partie est induite par ce drame. On suit cette fois un inspecteur de police et ses collèges chargés d’enquêter sur une affaire criminelle. Usant de méthodes peu orthodoxes, le fonctionnaire de police semble faire une affaire personnelle de cette enquête aux allures de course contre-la-montre, car il ne dispose que de quelques heures pour trouver des preuves et faire avouer un suspect retenu en garde à vue.
À l’image de nombreux films roumains sortis sur nos écrans au cours des dernières années, Dédales installe immédiatement ses personnages dans un cadre réaliste, pesant, presque étouffant. Le réalisateur nourrit son récit de longues scènes de dialogues en voiture durant lesquelles les personnages discutent de tout, mais pas de rien, évoquant en sous-texte une Roumanie post-communiste où la religion – qui n’est pas épargnée – est très présente et où la corruption n’a pas totalement disparu.
Avec une mise en scène sans fioriture et un dispositif narratif ténu mais assez subtil, avec une caméra qui reste toujours à bonne distance, le film n’est jamais ennuyeux. Mieux que ça, il se révèle finalement assez passionnant dans sa manière de construire un thriller qui n’en a pas l’air, dans cette campagne roumaine, en plein été, qui, derrière son aspect calme et bucolique avec ses moutons, ses chevaux et ses vertes prairies, cache pourtant des horreurs.
Il faudra en dire le minimum pour laisser le spectateur découvrir la destinée et la psychologie de ces personnages dont celle de ce policier acharné, un homme d’apparence intègre et droit mais dont l’attitude et le zèle révèlent une part de mystère qui trouvera peut-être une explication dans une scène d’hôpital assez troublante.
Ajoutez à tout cela un final en trompe-l’œil dans un plan séquence où l’on retient son souffle et vous aurez un film de 2h08 très réussi – composé de seulement 42 plans – où chaque minute a son importance.
Une belle surprise qui donne très envie de se plonger immédiatement dans le précédent film de Bogdan Georges Apetri.
Benoit RICHARD