Venus au Supersonic pour applaudir Olivier Rocabois, qui nous a offert un set impeccable, et même flamboyant, nous sommes aussi tombés sous le charme de Marc Desse, qui a l’élégance d’un Daniel Darc et est porté par un groupe assez extraordinaire.
Il faut bien avouer la vérité, nous sommes venus ce soir à notre très cher Supersonic pour voir et écouter Olivier Rocabois, qu’on est heureux de pouvoir apprécier enfin dans une bonne salle parisienne, dans des conditions plus « professionnelles ». Malheureusement, comme il passe en première partie, nous serons moins nombreux que nous aurions dû être à l’applaudir… D’un autre côté, faisons contre mauvaise fortune bon cœur, nous serons au moins épargnés par le brouhaha du bar qui, au Supersonic, peut gêner les concerts moins… électriques, plus intimistes !
20h30 : Olivier et son indispensable complice, le claviériste virtuose en costard Jan Stumke débutent leur set par The Sound of the Waves, qui nous met immédiatement en joie : vocalement, Olivier est au top – entretenu par un thé noir et une bouteille de sirop (dont il n’aura pas besoin ce soir) – et est surtout décidé à nous offrir un concert en cinémascope, technicolor, et tous ces trucs techniques hollywoodiens qui rendaient autrefois les grandes comédies musicales irrésistibles. High As High, l’une de ses meilleures mélodies, enfonce le clou, avant que Arise Sir Richard, qu’il présente comme son « biggest hit » (« … enfin, en termes de streaming ! ») ne confirme que nous avons droit ici au Supersonic au meilleur d’Olivier Rocabois, l’homme qui va toujours trop loin.
Le son du Supersonic semble un peu caverneux, mais, paradoxalement, confère un relief supplémentaire aux chansons, qui sonnent tout sauf intimistes et vont constamment chercher à monter plus haut, plus haut : Homeboys fournit l’occasion parfaite pour ça, et la complicité entre Jan – qui rajoute de réjouissantes enluminures baroques aux mélodies – et Olivier leur permet de faire monter ensemble la pression.
Over the Moon est la pause-beauté parfaite (Olivier l’interprète seul à la guitare), avant d’attaquer la seconde partie du set : Olivier est constamment stressé par le temps qui passe et celui qu’il lui reste à jouer, il sait qu’en 45 minutes, il ne pourra pas interpréter toutes les chansons prévues sur la setlist. Après un New Year’s Crazy Ego qui est à date l’une des choses les plus bizarres qu’il ait écrites, il est temps de clore la soirée avec un medley I’d Like to Make My Exit With Panache / I Would Have Loved to Love You qui tente l’emphase dans un format duo forcément réducteur par rapport à ces ambitions.
Très beau set donc, qui nous donne envie de revoir Olivier en format groupe. Si d’aucuns parmi nous soulignent à nouveau la proximité de la démarche d’Olivier avec celle de Neil Hannon de Divine Comedy, une amie qui voyait Olivier pour la première fois se réjouissait surtout des accents « comédie musicale » de cette musique, ce qui nous a semblé, d’un coup, une évidence, en effet.
Il est 21h35 quand Marek Zerba et son groupe attaquent leur set, qui va être, malheureusement, un pur copié collé de celui offert au même endroit il y a 2 semaines : mêmes bons moments (Guitariste de Plage, Etoile de Mer), même faiblesses (les deux premiers morceaux où Marek peine à convaincre vocalement, la conclusion très rock mais finalement moins originale). On adore l’humour (les remerciements à répétition à la barwoman, jusqu’à ce qu’un plateau de Get27 soit offert au groupe, une boisson que Marek déteste !), on sent le potentiel d’aller plus loin vers la fantaisie, mais on n’y est pas encore.
22h 35 : Comme c’est souvent le cas au Supersonic, le public change à chaque set, et on remarque un accroissement de la population féminine pour accueillir Marc Desse. C’est par Paris Je t’Aime que le chanteur entame un set que nous n’attendions pas particulièrement, étant peu friands, avouons-le, de… chanson française. C’est un bon choix pour nous car c’est sur le dernier album l’un des titres les immédiatement « rock », mais, avouons-le, nous n’espérions pas en live une telle claque, que le disque, très sage, n’annonçait aucunement : c’est fort, violent, raide, et par-dessus tout follement élégant. Sofia, avec sa mélodie accrocheuse enfonce le clou : oui, deux titres seulement, et nous sommes totalement convaincus !
Car Marc Desse offre quelque chose de peu courant, du rock français qui semble presque départi d’influences anglo-saxonnes. Non seulement parce qu’il est chanté en français mais parce qu’on n’y retrouve quasiment aucune de nos références habituelles. On a plutôt affaire à une chanson française très… traditionnelle (Marc Desse a participé en 2018 à un hommage à Yves Simon…), mais jouée avec une formidable énergie qui elle, est 100% rock. Marc est entouré d’un groupe doté, on l’a dit, d’une élégance peu commune. Une basse bien ronde, une fois réglé un petit problème d’ampli, un guitariste soliste particulièrement brillant, une batterie hyper efficace, voici un vrai groupe qui transcende aisément en live la relative sagesse des chansons.
Marc, lui, est une sorte de représentation idéale du chanteur romantique français, à la Daniel Darc, avec son chant délicat, une touche légère de provocation, et surtout cette espèce de mélancolie ironique qu’il trimballe en permanence. Mélancolie ? Tristesse plutôt quand la chanson Bleu Turquoise est dédiée, moment d’émotion, à une amie musicienne décédée le jour même. On s’aime, le titre d’ouverture de l’album, sera à notre goût, le seul moment faible du set, trop évident sans doute…
Dans la salle on parierait que pas mal de jeunes filles – dont un groupe de touristes espagnoles – sont séduites par la classe sombre et légèrement décavée de Marc, qui a quand même annoncé en introduction de la chanson Ma Fiancée – datant de 2014 – qu’il n’en avait toujours pas (… de fiancée !)…
En avant-dernière position sur la setlist, Sous le cuir d’un gars, une nouvelle chanson, jouée pour la première fois en live, se révèle un superbe délire sonique, et le moment le plus intense du set de 55 minutes… même si, paradoxalement, c’est un titre sur lequel on pourrait pointer des sonorités post punk (le jeu de basse élastique) ou shoegaze (la réverbération de la guitare). On finit par les Etoiles, qui peut évoquer un Taxi Girl en plus organique, mais qui est porté une nouvelle fois vers l’excellence par le groupe.
On attend maintenant la transcription sur vinyle de la dynamique magnifique qu’on a vu opérer ce soir au Supersonic, et qui devrait permettre à Marc Desse d’atteindre la reconnaissance qu’il mérite.
Texte : Eric Debarnot
Photos : Julien Duclos (Olivier Rocabois et Marek Zerba) et Eric Debarnot (Marc Besse)
Bonjour
Pour moi votre entêtement à ensencer Olivier Rocabois relève du copinage pur et simple car franchement voilà encore un artiste français sans intérêt !
Bonjour ! Je comprends parfaitement que la musique d’Olivier Rocabois ne vous plaise pas, voire même que vous la trouviez surestimée (malgré le fait qu’il ne s’agisse quand même pas d’un artiste largement reconnu). Tous les goûts sont respectables. Quant au fait qu’il y aurait des liens d’amitiés entre notre équipe et lui, je vous rassure : nous avons des contacts réguliers avec de nombreux artistes français, et même anglo-saxons que nous aimons soutenir, et il n’y a rien de différent avec Olivier Rocabois.
Bien cordialement
Eric
Ouf je suis vraiment rassuré ! Mais je n’en crois pas un mot !! Désolé pour vous!!!