Amis de longue date, Panda Bear et Sonic Boom ont rassemblé leurs talents dans un album collaboratif léger et lumineux, bourré de clins d’œil et de références. Un des sommets musicaux de cet été 2022.
La collaboration entre Panda Bear (Noah Lennox) et Sonic Boom (Peter Kember) est tout sauf une surprise, puisque les deux musiciens, amis de longue date suite à une rencontre sur Myspace au temps des dinosaures, juste après que Panda Bear ait remercié Spacemen 3, l’ancien groupe Sonic Boom sur la pochette de l’album Person Pitch paru en 2007. Les deux compères sont rapprochés un peu plus il y a quelques années, quand Sonic Boom a quitté l’Angleterre pour s’installer au Portugal et rejoindre ainsi son ami le Panda, lui-même vivant là-bas depuis quelques années déjà. Un rapprochement qui s’est fait après que Sonic Boom ait coproduit deux albums de Panda Bear (Tomboy en 2011, et Meets The Grim Reaper en 2015).
Revenus tous deux des sommets, l’un avec Animal Collective, et l’autre quelques années auparavant avec Spacemen 3, les deux compères jouissent aujourd’hui d’une certaine tranquillité d’esprit et surtout d’une grande complicité : ils ont pu ainsi aborder sans contrainte et sereinement la composition à quatre mains d’une album hautement roboratif, débordant de clins d’œil et de références. Et on peut dire que le résultat est à la hauteur de nos attentes tant on retrouve dans Reset un habile mélange de leurs univers respectifs, même si la balance a quand même tendance, au final, à pencher du coté de Panda Bear.
Ensemble, ils ont imaginé un disque dans lequel ils ont insufflé beaucoup de leur amour pour les disques de pop, rock et doo-wap des années 50 / 60, à travers des samples et des boucles empruntées chez des artistes comme Eddie Cochran (Gettin’ to the Point), les Everly Brothers (Love of My Life), The Drifters (Livin’ in the After) ou encore Randy & the Rainbows. On citera également les Beach Boys (indissociables de la discographie de Panda Bear), et plus largement tout une partie de la pop californienne des années 60, évoquée à travers les singles imparables que sont Edge of the Edge et Go On.
On retrouve, comme dans les disques de Panda Bear et Animal Collective, cet empilement de couches vocales dans des morceaux où les mélodies et les belles harmonies prennent sans cesse le pas sur les expérimentations et les boucles qui ne manquent pourtant pas ici.
Dans un habile mélange de sonorités acoustiques et électroniques, le duo a construit un album équilibré et d’une grande fluidité, facile à écouter tout étant exigeant, donnant au fil des écoutes les clés d’un travail à la fois basé sur la tradition et la modernité. Du grand art !
Benoit RICHARD