Avec son second album World Wide Pop, le collectif cosmopolite Superorganism cultive sa dinguerie électro à grand renfort d’invités mais sans convaincre.
Something For Your M.I.N.D, le premier single de Superorganism paru en 2017, avait fini sur le jeu FIFA18. Ce qui leur ouvrit les portes du royaume des téléchargements. L’album éponyme qui suivit avait fait sensation en débordant d’inventivité, sur fond d’électro et de groove-cut percutant. Parmi les fans, Gorillaz ou Vampire Weekend n’avaient pas hésité à en assumer la promotion.
Le second album World Wide Pop a vu l’arrivée de quelques changements dans le groupe. Basé à Londres, le collectif s’articule désormais autour d’Orono, Harry, Tucan, B et Soul. Les treize titres d’électro débridée puisent toujours autant dans les samples et arrangements loufoques aux contours pop et hip hop. On retrouve aussi une pléthore de collaborateurs comme Stephen Malkmus, CHAI, Pi Ja Ma, Dylan Cartlidge et le musicien et acteur japonais Gen Hoshino.
Superorganism s’approche sans complexe de productions plus commerciales, comme le tube mondial Call Maybe de Carly Rae Jepsen paru en 2012. Dignes de génériques de Disney Chanel, Don’t Let The Colony Collapse et On&On ont tous les attributs de hits. Voix mélodiques et catchy, refrains entêtants aux gimmicks synthétiques imparables, ces deux titres flirtent dangereusement avec la face obscure et commerciale de l’électro-pop putassière. On préfère le sautillant Flying aux choeurs salvateurs, voire le désabusé et attachant It’s Raining où l’on découvre le chanteur de Pavement, Stephen Malkmus s’essayer au rap sur des arrangements loufoques.
https://youtu.be/rEbdvw4JMck
Les samplers sont à la fête sur Black Hole Baby autant que le refrain qui booste le charabia sonore dans les cordes. Sur Into The Sun, quelques mots en français au sujet d’aquarium et de poissons préfigurent un exotisme tendance sur lequel les divers invités s’amusent. Les autres titres peinent à convaincre et reprennent souvent la même formule dans laquelle autotune, jangle-pop aguicheuse et approches expérimentales partouzent sans amour.
Le second album de Superorganism a tout d’un gloubiboulga musical issu des années 2010 mais sauvé par une poignée de titres à la simplicité ingénieuse.
Mathieu Marmillot