[Live Report] Frankie & The Witch Fingers et Clavicule au Supersonic (Paris) : garage rock et extrémisme sonore

Précédés d’une réputation désormais bien établie de tornade sur scène, Frankie & The Witch Fingers n’ont pas tardé plus d’une paire de minutes pour transformer le Supersonic en expérience ultime d’extrémisme musical. Un groupe à ne pas manquer… à condition d’être en bonne forme physique.

2022 08 18 Frankie & The Witch Fingers Supersonic
Frankie & The Witch Fingers au Supersonic – Photo : Eric Debarnot

Ce soir, c’est sans doute la plus belle affiche de l’année 2022 au Supersonic : les tueurs du garage californiens, Frankie & The Witch Fingers y font une escale avant d’aller au Cabaret Vert. Et en première partie, on nous offre, cerise sur le gâteau, l’un des tous meilleurs groupes de garage rock français, les Rennais de Clavicule. Inutile de dire qu’il fallait arriver tôt pour assurer une place au premier rang, bien sur la droite, pour être – un peu – préservés du chaos qui allait forcément s’emparer de la fosse. Et, bien entendu, le Supersonic a rapidement été complet à cette occasion qui serait forcément mémorable.

20h40 : On est heureux de revoir, 8 mois après leur dernier et mémorable passage en ces lieux, Clavicule au Supersonic. Grâce aux travaux effectués au début du mois, il faut en plus reconnaître que le son est désormais bien meilleur. Du coup, le groupe joue un peu moins fort – merci pour nos oreilles – tout en restant ultra percutant, avec des vocaux qui restent bien audibles. Il y a toujours cette même puissance qui se dégage de leurs accélérations, qui provoquent des raz de marée dans un Supersonic déjà bondé et étonnamment chaud bouillant. Tout le monde est content d’être là, on a droit à une majorité de nouveaux titres qu’on ne connaît pas, mais qui paraissent prometteurs. On apprécie particulièrement ce soir encore les accords orientalisants de Jéricho, et, d’une manière générale, l’habituelle construction toute en breaks et en redémarrages des titres les plus efficaces du groupe. Bref, en 50 minutes et en introduction d’un des groupes les plus hype du moment, les Rennais de Clavicule ont confirmé et même renforcé leurs ambitions.

22h10 : Avec un peu de retard du fait d’un souci avec un ampli, le gang de Dylan Sizemore – le chanteur et leader du groupe, qui a toujours cette allure de petit frère binoclard et frêle de John Dwyer – pénètre sur la scène du Supersonic dans une atmosphère qui a encore monté d’un cran du point de vue intensité du public (merci aux supporters de l’OM qui ont mis de l’ambiance en insultant les « Parisiens » !).

2022 08 18 Frankie & The Witch Fingers Supersonic

Pour ceux qui, comme nous (honte à nous !), avions manqué leurs derniers passages en France, Frankie & The Witch Fingers ont bien changé depuis la première partie des Oh Sees au Bataclan début septembre 2019… Et nous ne parlons pas seulement du remplacement du bassiste de l’époque par la souriante Nikky Pickle, transfuge des Death Valley Girls ! Si le dernier album, datant de 2020, Monsters Eating People Eating Monsters fait la part belle à un garage psyché parfois planant pouvant évoquer King Lizzard, sur scène, on est désormais plus franchement du côté du regretté Jay Reatard, dans une forme de metal punk extrémiste qui ne s’embarrasse plus – en tout cas ce soir au Supersonic – de passages rêveurs !

Il est en fait difficile de bien parler de ce qui s’est passé au Supersonic pendant 1h05 de radicalisme sonore à peu près inégalé en ce moment dans la scène Rock mondiale (nous ne parlerons pas de la scène purement Metal, que nous ne connaissons pas suffisamment…) : 1h05 de mitraillage de nos sens dans un style qui nous a plus fait songer au speed métal ou à Motörhead dans leurs moments les plus énervés, une sorte de tuerie ultime, qui frôle par instants le terrorisme sonore (un poil plus fort, on aurait pu les accuser de vouloir faire du My Bloody Valentine sous speed, mais My Bloody Valentine n’ont jamais su être groovy comme ça…).

2022 08 18 Frankie & The Witch Fingers SupersonicDylan a mis une tonne de réverbération sur son micro, John Menashe, le guitariste soliste, reste un virtuose de la wahwah incendiaire, Jon Modaff, le jeune batteur en short, semble littéralement surhumain, et Nikki illumine le tout de sa basse massive et… de son maquillage orange fluo du plus bel effet. Bien sûr, tout cela se passe dans une quasi-obscurité, et la scène étant plutôt basse au Supersonic, les interférences entre la fosse en fusion et la scène causent plusieurs déboires techniques : micros qui tombent, pédales qui se débranchent, etc. Rien qui ne saurait déranger un groupe aussi décontracté qu’absolument décidé à repousser les limites humaines de la violence (musicale, entendons-nous bien…) sur scène.

Dans la fournaise, dans le chaos général où même les danseurs les plus habituellement déterminés finissent par jeter l’éponge (imprégnée de sueur, l’éponge…), Frankie & The Witch Fingers règnent désormais en maîtres de l’extrémisme : toujours plus fort, toujours plus rapide, toujours plus hystérique, jusqu’à ce que le public n’en puisse plus.

Quand ils passeront près de chez vous – ou même un peu loin de chez vous – testez votre résistance et allez les voir. Si c’est trop violent, c’est que vous êtes trop vieux.

Texte et photos : Eric Debarnot

 

2 thoughts on “[Live Report] Frankie & The Witch Fingers et Clavicule au Supersonic (Paris) : garage rock et extrémisme sonore

  1. t’as perdu tes photos du public?
    les gaziers font des reports en disant que c’était bouillant sans jamais prendre une seule photo du public.
    baltringue

    1. Désolé, il faudra que tu me croies sur parole ! Ceci dit, si tu y étais et que tu en as, n’hésite pas à nous en envoyer ! ;)

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