Goldorak : le retour surprise en BD de la mythique série japonaise

Avec l’accord de Go Nagai, l’équipe française menée par Denis Bajram et Xavier Dorison livre un hommage respectueux au célèbre dessin animé des années 70, en lui apportant une conclusion tragique.

Goldorak - Xavier Dorison, Denis Bajram, Brice Cossu et Alexis Sentenac
© 2021 Kana

Goldorak fut diffusé par Récréa 2 de juillet 1978 à octobre 1980. Hélas, je vis alors en Afrique. Je ne découvre l’existence du « robot de l’espace » que l’été suivant, en colonie de vacances. Je tente de combler ma béance culturelle en interrogeant mes petits camarades et en collectionnant autocollants, bandes dessinées et 45 tours. Je ne découvrirai la
série, qui compte 74 épisodes de 24 minutes, que des années plus tard. Trop tard. Le scénario enfantin, mais complexe et étonnement cruel, de Goldorak permit à ma génération de découvrir la « japanimation ». Ce fut une révolution. Je l’ai ratée.

Goldorak - Xavier Dorison, Denis Bajram, Brice Cossu et Alexis SentenacRappelons aux plus jeunes le synopsis. Après avoir détruit la pacifique planète Euphor, l’empire de Véga s’attaque à la Terre, qui reçoit le soutien d’Actarus, prince d’Euphor et pilote de Goldorak. Ce robot était la plus puissante machine de guerre de Véga avant qu’il ne parvienne à s’en emparer. Passablement dépressif – on le serait à moins – notre héros est soutenu par le professeur Procyon, son père adoptif, qui met à sa disposition son centre de recherches spatiales, et toute la joyeuse bande du Ranch du Bouleau Blanc.

Quarante plus tard, conduits par Denis Bajram (Universal War One), cinq brillants bédéistes quinquagénaires conçoivent le projet de reprendre la série et obtiennent l’approbation du maître mangaka Go Nagai. Les personnages ont vieilli de dix ans. Actarus et Phénicia ont disparu. Alcor a fait fortune et s’ennuie. Vénusia achève son internat, Procyon est à la retraite et Rigel se déplace en fauteuil roulant. Soudain, un golgoth fond sur Tokyo. Les dernières troupes de Riga exigent, pour la survie de leur peuple, la totale propriété du Japon. Ses habitants sont priés de s’exiler, la Terre est assez grande pour les accueillir. La guerre reprend.

Conforme aux codes actuels de la BD franco-belge réaliste, le dessin réaliste de Denis Bajram, Brice Cossu et Alexis Sentenac est très beau et le découpage inventif. Chaque planche a été longuement travaillé par l’équipe. Une question s’impose, comment dessiner à six mains ? Le dossier présenté à la fin de l’album apporte d’intéressantes réponses.

Respectant, peut-être trop scrupuleusement, les personnages d’origine, le scénario de Xavier Dorison est bien construit et rappelle la trilogie d’Ender d’Orson Scott Card et son fameux Xénocide. Plus torturé que jamais, Actarus est de retour, mais s’avoue incapable de contrôler Goldorak. La guerre n’épargne personne, pas même le vainqueur.

« Dans son merveilleux robot
De lumière et d’acier
Ce chevalier des temps nouveaux
Se bat pour l’humanité
Actarus à bord de Goldorak
Voici la légende
Que l’on va vous raconter… »

Stéphane de Boysson

Goldorak
Scénario : Xavier Dorison
Dessin : Denis Bajram, Brice Cossu et Alexis Sentenac
Couleurs : Yoann Guillo
Éditeur : Kana
168 pages – 24,90 €
Parution : 15 octobre 2021

Goldorak – Extrait :

Goldorak - Xavier Dorison, Denis Bajram, Brice Cossu et Alexis Sentenac
© 2021 Kana