Troisième album solo pour le co-leader de Corridor ! Jonathan Personne confirme toute la singularité de son style pop-rock psychédélique avec huit nouvelles chansons atemporelles, pleines de références et de clins d’œil. Parfait.
Jonathan Personne fait partie de ces compositeurs chanteurs quelque peu sous-estimés, sans doute à cause de leur style bien singulier. Que ce soit en solo ou avec Corridor, groupe avec lequel il a déjà sorti trois albums formidables (Junior, Supermercado et Le voyage éternel), ce garçon nommé Jonathan Robert dans la vraie vie compose des chansons qui méritent largement le détour. Après Histoire naturelle en 2019 et Disparitions en 2020, celui qui parsème parfois ses chansons d’influences venues des musiques de westerns spaghetti nous revient avec un troisième album tout aussi intéressant que les précédents.
Jonathan Personne nous embarque encore une fois dans son univers nourri abondamment de sonorités psychédéliques de la fin des années 60 avec huit titres chantés en français, dans lesquels il nous raconte des histoires un peu glauques et étranges, illustrées par une pochette de disque intrigante où deux enfants semblent jouer en toute innocence sur les restes d’un cadavre.
Composé dans un chalet par Jonathan, seul avec sa guitare acoustique, l’album a été enregistré par la suite en compagnie de ses fidèles amis musiciens autour desquels se sont déployés guitares, basse, batterie, mais également violons, synthétiseurs, Mellotron et chœurs.
Comme les Toulousains de Aquaserge par exemple, le Québécois montre un vrai talent pour le pas de côté, avec cette envie de faire sonner la pop de manière différente à travers des harmonies fiévreuses, cultivant avec une certaine nostalgie un son rétro sec, spectorien aux entournures, pour donner vie à des chansons psychédéliques aux atmosphères à la fois étranges, poétiques, baroques évanescentes et surtout terriblement accrocheuses, à l’image du single A présent.
Avec sa production lo-fi, ses mélodies troublantes et parfois catchy (Un hommes sans visage) et des arrangements que ne renierait pas un Polnareff (Goudrons et plumes) de la grande époque, mais aussi Gainsbourg période Melody Nelson (Le fou dans l’arbre) ou Neil Young (Deux yeux au fond d’une pièce noire), Jonathan Personne nous ravit encore une fois avec ce disque de rock au charme rétro évident.
Benoit RICHARD