Remarqué à Cannes, Sundance et Annecy, Flee arrive en salle pour nous raconter le périple d’Amin, un Afghan qui a dû fuir son pays à la fin des années 80 alors qu’il n’était qu’un enfant. Des années plus tard, il accepte de raconter son histoire par le biais d’un documentaire.
Flee (fuir en français est ce que l’on peut appeler un film documentaire en animation mais sans forcément reprendre les codes du documentaire classique. Il est signé du danois Jonas Poher Rasmussen et raconte l’itinéraire d’un jeune afghan homosexuel nommé Amin qui, lorsqu’il était enfant, a fuit Kaboul, traversant l’Europe, en passant par la Russie, pour rejoindre le Danemark où il s’établira finalement et y fera sa vie.
Allongé, les yeux fermés, Amin se confie à un ami, tel un psychologue, lui demandant de se souvenir, de raconter son histoire, lui, cet homme aujourd’hui âgé de 40 ans qui n’a rien oublié du terrible parcours qui a été le sien pour retrouver la sécurité et l’espoir d’une vie meilleure au Danemark.
Grâce à très beau dessin d’animation, avec des séquences entrecoupées de vidéos d’archives, se dessine le portrait de ce garçon qui a dû voyager seul durant des heures car une partie de sa famille était partie en Suède. En arrivant sur le territoire danois, il a dû raconter aux autorités que toute sa famille était morte assassinée, et qu’il était le seul survivant, comme lui avait demandé de dire le passeur. Un mensonge qu’il a dû garder au fond de lui durant des années avant de pouvoir se confier. Un mensonge enfoui qu’il a accepté de révéler ainsi que toute une histoire par le biais de ce film d’animation.
Au fil des minutes se dessine alors l’image et le souvenir d’un pays et d’une famille et de nombreux drames, et un Amin évoquant les émotions et les moments douloureux par lesquels il est passé. À travers ce récit, il revit la guerre en Afghanistan, ce pays où il n’existe pas de mot pour définir l’homosexualité, il se souvient de ces mois passés en Russie au temps du bloc soviétique, à regarder des télénovelas en famille car il n’y avait rien d’autre à faire. Il se souvient aussi de sa fascination pour le corps de Jean-Claude Vandamme quand il a compris qu’il était attiré par les hommes, lui qui à son arrivée au Danemark, a demandé à l’éducatrice de tutelle de lui donner des médicaments afin de guérir de son homosexualité.
Un récit extrêmement fort et bouleversant, plein de pudeur et d’humanité qui a le mérite de raconter une histoire universelle, celle de tous ces réfugiés, ces demandeurs d’asile qui ont dû fuir une jour leur pays, au péril de leur vie, pour trouver une terre d’accueil.
Benoit RICHARD