Pour sa première création originale, 404 Comics nous propose un réjouissant cocktail d’aventures et de mondes parallèles, une très belle production franco-espagnole !
Au printemps 1991, un mystérieux et puissant duo cyberpunk s’infiltre dans un laboratoire high-tech, pose une bombe électromagnétique et cause une coupure de courant généralisée. Au même moment, trois adolescents se retrouvent, sans transition, plongés dans un monde fantastique, plus précisément sur une planète sableuse qui rappelle l’Arrakis de Dune. Or, ils ont la surprise de reconnaître les lieux, qui semblent tirés d’une récente série de bestsellers de science-fiction… L’histoire avance rapidement, sans le moindre temps mort. Après une haletante course poursuite, ils basculent dans une curieuse uchronie victorienne aux paisibles vampires, le monde d’un de leurs jeux vidéo. De fait, les références aux grands succès récents de la pop culture sont nombreuses et bien amenées. Nos héros semblent avoir acquis la possibilité de générer des portails, à la Stargate, s’ouvrant sur des univers de fiction. À moins que, hypothèse vertigineuse, nous ne soyons tous les personnages de fiction d’un autre monde ? Quel serait alors l’univers source ? Voilà un fascinant sujet qu’aurait pu traiter l’immortel Philip K. Dick.
Ce n’est pas un hasard, car le scénariste, Laurent Queyssi, est un spécialiste des œuvres de Dick et d’Alan Moore. Il a été critique de bande dessinée et traducteur, avant de s’affirmer comme auteur de science-fiction et scénariste de BD. L’ambition de Mundis est immense. À l’image des grands studios américains et autour de ses cinq jeunes héros bien typés, il devrait donner naissance à un univers original et complexe, un monde que Queyssi développera – du moins nous le lui souhaitons – sur de nombreux tomes. Il s’appuie sur le dessinateur espagnol Oriol Roig qui livre des planches dynamiques et lumineuses. Logiquement inspiré des comics, les cadrages sont variés et son trait est rapide, étonnamment léger mais toujours précis.
L’histoire ne fait que débuter, nous serons donc contraints d’attendre les tomes suivants pour nous faire une idée du potentiel de Mundus. Tout au plus, pouvons regretter que le ton « léger » semble privilégier une cible d’adolescents.
Dernier point, cette toute première création originale de 404 Comics est magnifiquement présentée et proposée à un tarif très raisonnable. Laissez-vous donc tenter par cette très attirante introduction à Mundus.
Stéphane de Boysson