On retrouve dans l’album This is Real toute l’émotion et la sincérité que l’on cherche habituellement chez les maitres du genre tels qu’Otis Redding, Ray Charles, Lee Fields, Charles Bradley… il parait évident que c’est dans cette voie que Thomas Kahn trouvera la clé du bonheur et du succès.
Dès les premières notes de More than Sunshine on retrouve l’esprit des productions Daptone et de l’un ses fers de lance le regretté Charles Bradley. L’ouverture de l’album est judicieusement pensée avec ce morceau soulful très accrocheur qui a également été choisi comme single et qui tourne sur les réseaux et les radios depuis cet été. L’émotion dégagée dans ce titre, et d’ailleurs dans la plupart des morceaux du disque est suffisamment rare pour un non anglophone qu’il faut le souligner, Thomas Kahn n’est pas américain mais bien français, et plus précisément auvergnat (d’adoption).
Après 2 EP en 2014 et 2015 plutôt indie-rock, une participation en 2016 à l’émission The Voice dans laquelle il se fait remarquer avec une reprise personnelle et émouvante du Redemption Song de Bob Marley puis un premier album soul aux accents pop en 2019 dans lequel il laissait déjà parler ses émotions à travers des histoires personnelles, c’est avec This is Real qu’il risque bien d’agrandir le cercle de ses admirateurs.
Le très beau clip de More Than Sunshine (le premier d’une série de 3) a été tourné en extérieur à New York par un vidéaste français et aurai pu ne pas se faire sans la présence d’esprit de celui-ci de braver le décalage horaire qui les affectait tous les 2 pour profiter d’un moment de lumière unique entre les tours de la Grande Pomme. Cette anecdote racontée avec sourire par Thomas montre à quel point il vit à fond et avec beaucoup de bonheur cette nouvelle aventure, avançant un pas après l’autre pour bien profiter de chaque instant. (La pochette de l’album est d’ailleurs issue de ce périple new-yorkais).
This is Real est un album introspectif contenant de nombreuses références aux musiques américaine mais dont la principale force est l’interprétation de compositions muries sur la guitare de Thomas avant d’être arrangées par la bande de potes qui l’accompagne sur la route depuis des années.
La douceur de Hope, une ballade guitare / piano / voix, l’émotion dans It won’t be so long façon Daptone, ou encore le puissant Try to see Further nous ramenant vers Syl Johnson ou Al Green aux grandes heures de Hi Records font de cet album un moment de chaleur auditive digne des derniers opus de Kelly Finnigan.
Alone ou Out of the Blue sont également des ballades dont les interprétations tout en délicatesse liées à la sobriété des arrangements nous transporte dans l’univers de son auteur, plus que jamais incarné par ce qu’il nous raconte.
Comme pour remettre un peu de diversité dans tout cela et ne pas lasser l’auditeur Thomas nous propose également Flying Around dont la basse aux accents reggae nous fait chalouper, Doomed the Start rappelant les débuts de l’autoproclamé hobo Charlie Winston, puis Stay Away et surtout Don’t Look at Me qui font figures d’ovni dans cet album avec leur rythme enlevé, presque funky et la dynamique d’un chant plein de groove.
Le disque approche de sa fin et on pense avoir fait le tour quand la beauté de Brother I Miss You nous saisit. L’introduction qui mêle une intonation vocale à la Ray Charles avec quelques notes de piano tente de vous mettre la larme à l’œil avant de partir dans le meilleur esprit soulful façon Lee Fields et ses Expressions et de finir comme elle a commencé, en vous donnant la chair de poule.
Après un tour de France de plusieurs mois il sera en concert chez lui le 21/10 à la Coopérative de mai à Clermont-Ferrand, puis le 26/10 au New Morning de Paris, la salle mythique qui accueilli certains des artistes qui l’ont inspiré pour ce disque.
Arnold PIJOT