Thoineau Palis, le ludion bordelais, vient de publier un nouvel album, Coyote, une réussite impressionnante qui semble indiquer l’arrivée d’une nouvelle maturité pour TH da Freak. Ce qui ne signifie pas que les guitares vont arrêter de rugir en live, comme il nous le promet dans cette interview !
Benzine : D’où tu viens ? D’où ça vient, ta musique ?
Thoineau : Moi, je fais de la musique depuis que j’ai 6 ans, j’ai appris la guitare au conservatoire, et je n’ai jamais arrêté d’en faire en fait. Quand j’avais 13 ou 14 ans, j’ai acheté un enregistreur 8 pistes, et j’ai commencé dès ce moment là à faire des chansons, à composer tout seul… Je me vois un peu plus comme un producteur de musique que comme un vrai musicien qui va jouer partout, partout… Moi, ce que je veux faire, c’est de la musique tout seul chez moi, et composer.
Benzine : Tu es donc d’une famille de musiciens ?
Thoineau : Oui, j’ai trois autres frères, qui sont musiciens aussi, on a commencé à faire de la musique ensemble, on avait une salle de musique à la maison.
Après mon BAC, j’ai commencé des études de Droit, que j’ai arrêtées pour faire de la musique. Et là, j’ai fait mon premier album, et puis après c’est parti…
Benzine : Tu habites à Bordeaux, je crois… Il y a une scène dynamique là-bas ?
Thoineau : J’habite à une heure environ de Bordeaux, et oui, ça bouge pas mal à Bordeaux, il y a plein de groupes, il y a beaucoup de lieux pour faire vivre la musique, les gens sont très motivés pour faire de la musique. Ceci dit, les lieux sont un peu éphémères, ça change tout le temps… Je suis dans un label qui s’appelle Flippin’ Freaks que j’ai fondé en 2015, et du coup je suis vraiment ce qui se passe. Notre travail c’est de développer les groupes de Bordeaux, il y a énormément de jeunes groupes pas encore trop connus, mais qui sont incroyables.
Benzine : Revenons à toi, qu’est-ce que tu as écouté, qu’est-ce que tu aimais quand tu étais plus jeune ?
Thoineau : J’ai découvert le Rock avec les Strokes, Arctic Monkeys… ça m’a permis ensuite d’aller creuser, de découvrir les groupes que j’écoute encore aujourd’hui, des nineties, Nirvana, Sonic Youth, Dinosaur Jr, les classiques, quoi. Et aussi beaucoup de shoegaze, de musique anglaise, on n’en parle pas souvent, mais j’en écoute énormément. Maintenant, je suis plus intéressé par des artistes actuels comme Alex G, par toute cette scène de Philadelphie qui m’intéresse beaucoup. Les trucs un peu plus folk, indie, aussi avec des petits côtés emo… Voilà !
Benzine : On dit que ton nouvel album est ton meilleur, on sent qu’il y a une cristallisation de ton style sur quelque chose de plus clair, de plus lisible, une évolution par rapport au côté un peu slacker que tu présentais avant… C’était ce que tu voulais faire ?
Thoineau : Oui, parce que cet album je l’ai composé il y a longtemps, j’ai mis un an à l’enregistrer, j’ai fait attention à plein de choses, aux textes… des choses auxquelles je ne faisais pas attention avant. J’ai travaillé avec un producteur bordelais, qui m’a permis de découvrir de nouvelles techniques, de mixage, d’arrangement, etc. Et donc, oui, l’album est plus abouti que les précédents, parce qu’il y a beaucoup de travail dessus…
Benzine : Visiblement, tu en es content…
Thoineau : Oui, j’en suis satisfait… même si là, je ne peux plus l’écouter (rires)… Les morceaux commencent à dater. Quand j’écoutais au studio ce que les morceaux donnaient par rapport à mes démos, j’étais hyper content…
Benzine : A l’époque j’avais été frappé de vous voir en scène avec ton groupe, il y avait à la fois une énergie très électrique qui se posait sur des vraies chansons mélodiques… Ton évolution correspond à une maturation, à une professionnalisation, mais pas dans le sens…
Thoineau : … pas dans le sens « Macron » du terme (rires)
Benzine : Mais de ce fait-là, tu dis que tu en commences à en avoir marre de ces morceaux, c’est quoi la prochaine étape ?
Thoineau : Eh bien la prochaine étape, c’est de jouer ces morceaux en live… Je suis quelqu’un qui se lasse assez vite, c’est pour ça que j’ai fait beaucoup de morceaux, beaucoup de disques. C’est comme ça ! Mais là, en répétant les morceaux avec le groupe, en les jouant ensemble, j’ai redécouvert mes chansons, pour qu’elles sonnent plus électriques, plus énergiques sur scène. Il y a beaucoup d’éléments, d’arrangements dans cet album, des cordes, des synthés, que je ne mets pas d’habitude. Toutes ces parties là seront jouées par des guitares, donc on réadapte tout pour que ça soit très électrique. Du coup, j’ai réalisé que ces morceaux, je les aimais beaucoup, et j’ai envie de les défendre beaucoup… Bah, j’en n’ai pas si marre que ça ! (rires)
Benzine : Et ça sera les mêmes musiciens qu’on avait vus à l’époque ?
Thoineau : Ouais, ceux qui m’accompagnaient au Trabendo, c’était d’ailleurs la première date avec les nouveaux musiciens, même s’il en restait deux d’avant.
Benzine : Il y a des dates déjà prévues sur Paris ?
Thoineau : Oui, on va jouer à la Maroquinerie en décembre, le 16 décembre. Avec Fontanarosa, un groupe de Howling Banana.
Propos recueillis le 6 octobre par Eric Debarnot
TH da Freak seront en concert le 25/11 à Lyon (Groom), le 26/11 à Dijon (la Vapeur), le 10/12 à Aix en Provence (6MIC), le 15/12 à Bordeaux (IBoat) et le 16/12 à Paris -la Maroquinerie – Gonzaï Night)