A l’occasion de la sortie de son nouvel album, Looking Glass, très attendu après l’extraordinaire de Cusp, son prédécesseur, Alela Diane a eu la gentillesse de bien vouloir se soumettre à l’épreuve de notre Questionnaire de Proust…
En 2018, peu de temps avant qu’une certaine pandémie n’arrête tous, Alela Diane sortait ce qui s’est avéré être son meilleur album (oui, meilleur encore que The Pirate’s Gospel), Cusp. Il nous aura fallu attendre quatre ans pour pouvoir enfin découvrir Looking Glass, qui s’inscrit clairement dans la même veine : des chansons à haute teneur émotionnelle mais toutes en retenue, magnifiquement construites et orchestrées, explorant des thèmes extrêmement intimes, personnels de la vie de leur autrice. Même si sa découverte est encore récente, et que nous savons qu’il faut toujours du temps à la musique d’Alela Diane pour s’imposer dans notre existence, et y rester ensuite à jamais, Looking Glass ressemble déjà à un autre triomphe artistique.
1 – La principale caractéristique de votre musique :
Alela Diane : Je crois que c’est ma voix et mon jeu de guitare, mon finger-picking, qui définissent mon son. J’aime le fait d’avoir toujours écrit avec mon cœur, et de n’avoir jamais essayé de ressembler à quelqu’un d’autre que moi-même.
2 – La qualité que vous voulez vraiment avoir dans la musique que vous faites :
Alela Diane : Je pense que j’aimerais prendre des cours de guitare et découvrir comment cela aurait un impact sur la manière dont j’écris des chansons. Je suis une musicienne autodidacte, et je ne connais pas complètement les frettes ou la théorie derrière la guitare. Cela pourrait m’être très utile d’en apprendre davantage et de voir comment cela influence ma musique.
3 – La qualité que vous aimez trouver dans les groupes ou les artistes que vous écoutez :
Alela Diane : J’aime l’honnêteté et la profondeur dans la musique que j’admire le plus. J’aime les chansons qui évoquent une émotion forte, et qui proviennent d’une véritable nécessité. Une chanson qui a besoin d’être écrite est une chanson que je veux entendre. J’aime être émue.
4 – Ce que vous aimez le plus dans la façon dont vous créez votre musique aujourd’hui :
Alela Diane : Ces dernières années, j’ai apprécié de pouvoir écrire des chansons à la fois à la guitare et au piano. Le piano est un outil d’écriture plus récent pour moi. Je peux commencer une chanson à la guitare et la terminer au piano, ou vice versa. Je pense que cela a influencé la façon dont les chansons se sont révélées. Un autre outil utile pour créer de la musique de nos jours est la technologie. J’ai collaboré avec mon ami, Scott Avett, et nous avons partagé des chansons entre nous à distance. Nous avons échangé des idées et nous aurons éventuellement quelques chansons complètes à sortir.
5 – Le principal problème auquel vous avez été confrontée ou que vous rencontrez encore dans votre carrière :
Alela Diane : L’industrie de la musique est en constante évolution. Je suis dans ce business depuis plus de 15 ans et c’est difficile à suivre. Je pense que la façon dont les artistes sont censés donner leur musique gratuitement est devenue le plus gros problème pour essayer de survivre en tant que musicien professionnel. Si les artistes étaient payés ne serait-ce qu’un centime par streaming, cela permettrait à beaucoup d’entre nous de compter sur nos revenus de la musique. C’est profondément frustrant.
6 – Ce que vous faites en dehors de la musique :
Alela Diane : En dehors de la musique, je suis une mère. Je fais de mon mieux pour bien élever mes filles pendant cette période folle et difficile que traverse le monde. Je prépare beaucoup de repas et nous jonglons mon mari et moi avec les tâches ménagères. Nous avons emménagé dans une vieille demeure victorienne à retaper il y a un peu plus d’un an, alors dernièrement, réparer la maison a été ma principale passion en dehors de l’écriture de chansons.
7 – Votre plus grand rêve pour votre musique :
Alela Diane : Si je pouvais continuer à gagner ma vie en tant que musicien sans ressentir de stress financier, j’aurais l’impression que c’est un énorme accomplissement. Je pense qu’avoir une carrière durable dans l’industrie d’aujourd’hui est extrêmement difficile, et je suis assez vieille pour ne pas m’imaginer que je vais remplir des stades (ce qui ne me préoccupe pas vraiment, d’ailleurs…). Si je pouvais continuer à jouer dans de petites salles et des théâtres remplis d’un public vraiment attentionné, je pense que cela suffirait.
8 – Votre pire cauchemar pour votre carrière musicale / votre avenir en tant qu’artiste :
Alela Diane : Si j’étais prisonnière sur un bateau de croisière et forcée de faire deux spectacles par nuit, en ne me nourrissant que de la nourriture du bateau, je serais assez déprimée ! Je ne rêve pas non plus de Las Vegas. S’il j’en arrive à faire des concerts dans des casinos, alors j’arrêterai.
9 – Ce que vous seriez si vous n’étiez pas Alela Diane, l’artiste admirée :
Alela Diane : Je serais probablement une designer quelconque. Je serais allé à l’école de design et j’aurais acquis quelques compétences – je créerais de beaux intérieurs pour des maisons historiques ou quelque chose comme ça. Avant la musique, j’avais toujours été très intéressée par les arts visuels, et j’ai le sentiment qu’il aurait pu y avoir un chemin pour moi là-dedans. Qui sait ? Si toute cette histoire de musique ne fonctionne pas, peut-être que je pourrais encore le faire !
La question supplémentaire : Ce qui vous plaît particulièrement dans votre nouvel album :
Alela Diane : Je suis fière de ce nouvel album. J’adore les magnifiques arrangements que ma chère amie, Heather Woods Broderick, a créés pour l’album. Ce fut aussi une telle joie de travailler avec le producteur Tucker Martine. Je me soucie profondément de ces chansons, qui sont toutes des histoires qui me tiennent à cœur. Je suis tellement heureuse de partager enfin cette musique.
Propos recueillis par Eric Debarnot