Le groupe franco-britannique a électrisé la Gaîté Lyrique avec un set qui faisait la part belle à sa première période. Loin de la pure nostalgie, la formation de Lætitia Sadier et Tim Gane a rappelé à quel point sa musique est intemporelle.
Depuis 2019 et la fin d’une décennie de hiatus, Stereolab se faisait rare en terre hexagonale. La sortie du cinquième volume de la série de raretés Switched On, Pulse of the Early Brain (2022), constituait une bonne occasion pour se lancer dans une large tournée qui passait par Paris le 26 octobre dernier. Signe que le “groop” était attendu de pied ferme, un nouveau concert a dû être ajouté le 23 novembre, toujours à la Gaîté Lyrique.
Le côté industriel de la salle correspondait bien au style du groupe, qui a fait l’étalage de son art de la composition postmoderne. Après une attaque très pop (Neon Beanbag), la bande se lance dans un morceau électrique (Low Fi), avant le charme rétro baroque de Eye Of The Volcano. La pièce de résistance suit, avec les quatre mouvements de Refractions in the Plastic Pulse, qui montrent toute l’étendue de leur palette.
La setlist déroule des titres de toutes les époques, avec un accent mis sur les premiers temps, plus portés sur les guitares. Le son est clair, la voix de Lætitia Sadier est particulièrement parfaite. À gauche de la scène, Tim Gane semble en transe, à fond dans son jeu. Rythmes répétitifs, pop irrésistible, décrochages bourrés de feedback, plaisir des vieux synthés, il y en avait pour tous les goûts.
Le public de Stereolab a souvent la réputation d’être composé de music nerds mais ce soir les têtes bougent, des échanges ont lieu (même si on se passera des beaufs qui hurlent “à poil”…), certains réclament carrément plus de son pour devenir sourd.
Pas d’abus de ce côté, même si le groupe sait faire monter la sauce, sur French Disko, par exemple, qui récolte l’enthousiasme général. Le concert se clôt sur la collaboration entre Stereolab et Steven Stapleton, alias Nurse With Wound, figure clé de l’expérimental britannique, pour une version démente de Simple Headphone Mind. Le rythme “motorique” se transforme en groove qui fait gigoter tout le monde, les guitares se mettent au diapason et Gane lâche quelques explosions bruitistes bienvenues ramenant la Gaîté Lyrique aux grandes heures des clubs tendance Hacienda.
Concert réussi, donc, qui rappelle à quel point Stereolab symbolise le meilleur de ce que l’Angleterre et la France peuvent produire.
Texte : Maxime Meyer
Photo : Robert Gil