Devinez qui sort son troisième album du mois ? Mireille Math… Hein ??? Non, absolument pas, il s’agit de King Gizzard & The Lizzard Wizard. Mais si, vous savez qui c’est, on en a déjà parlé. Comment ça, quand ça ?? Ce mois-ci. Deux fois. Oui, c’est la troisième fois.
Anxieux : « Trois albums en un mois ? C’est un cadeau d’adieux ? Un surplus d’idées ? Comment comptent-ils choisir les chansons à jouer en tournée ? Vont-ils tourner, d’ailleurs, quand ils passent autant de temps en studio ? Ils vont se cloner, c’est ça ??? »
Officiel : « King Gizzard & The Lizard Wizard ont l’honneur de vous faire part de la sortie de Changes, leur nouvel album. Dans l’attente de vos tympans, soyez assurés de leur considération la plus sincère. »
Inventaire : « Un Purdie shuffle, des accords diminués, de la fuzz, des harmonies mineures, des syncopes rythmiques, de la flûte traversière, des cuivres, du falsetto et un soupçon d’ironie. »
Impressionniste : « Prenez une toile vierge. Le vert est la couleur des guitares, le bleu la couleur des claviers, le gris la couleur des voix et le jaune celle de la section rythmique. À l’issue de l’écoute, vous devriez obtenir une réplique passable des Nymphéas de Monet. Celui en harmonie verte. »
Explicatif : « Le titre vient du fait que tout l’album est basé autour d’un changement harmonique entre Ré et Fa dièse. Changes. Changements. Voilà. De rien. Vous vous coucherez plus informés ce soir. »
Recommandé : « Pour les fans de Zappa, de Herbie Hancock, Stevie Wonder et peut-être de Mr Bungle période California. Et bien sûr, pour tous les fans de King Gizzard & The Lizard Wizard, à part ceux qui n’aiment que Infest The Rats’ Nest. »
Radin : « Tiens tiens, un nouvel album de King Gizzard and The… ze… Bon bref, d’accord, forcément, c’est vachement bien, mais vous vous en doutiez, non ? Mais bon, quand on est tout le temps surpris, où est la surprise ? »
Généreux : « C’est sans doute leur effort le plus confortablement jazzy à ce jour, à la fois la somme de presque tout ce qui a précédé et l’arrivée de quelque chose de nouveau. Quelque chose de très grand, qu’on espère voir grandir, encore et encore, sous nos yeux ébahis. »
Téléphoné : « Allô ? C’est King Gizzard ende ze Lizeurde Wizeurde. Hein ? Non, c’est Lizard, comme lézard, mais ça se prononce Lizeurde. Comment ? Attendez, je… Zut alors, ça a raccroché ! »
Statistique : « Troisième album des trente derniers jours, et le vingt-troisième en douze ans de carrière. Sept titres, entre treize minutes trois secondes et deux minutes cinquante secondes, pour quarante minutes et trois secondes d’écoute cumulée. »
Allitérations : « Alléchant album automnale aux tons de feu, fuzzy, jazzy et jasants, où les flûtes fluettes côtoient des guitares tarées, des batteries rieuses et d’angéliques mélanges mélodiques.
Boomer : « Ces jeunes maîtrisent le jazz avec une fantaisie qui fait un bien fou, tout en balançant un rock qui nous ramène tout droit dans les seventies. Un petit joint et c’est parti Simone ! »
Zoomer : « Punaise, mais ça date de 2022, en fait… C’est ouf de faire des trucs qui sonnent encore comme ça à notre époque. Mais bon, c’est intègre, c’est sûr. Et puis, tant que ça fera des memes… #Rattlesnake »
Litote : « On aurait bien mauvaise grâce de déplorer les moments les moins cohérents, qui s’avèrent aussi être les moins attendus du lot, preuve que les membres de King Gizzard sont encore loin d’avoir épuisé tous les tours de leur sac. »
Onomatopée : « Poum-poum-tchak, te-da-deh, poum-tchak, poum-pou-padoum, doum-doum-de-da-dehhhh, mmmmm-mmmm-mmmaaaaahaaaa »
Sincère : « King Gizzard ? Ouais, j’aime bien la plupart des trucs que j’ai entendus. J’ai pas tout écouté non plus, c’est devenu un peu chaud à suivre quand ils se sont mis à sortir trois albums par an. Mais je me souviens de leur disque de thrash métal, c’était bien chouette. »
Cinématique : « Gondii pourrait être le thème d’un film réalisé par John Carpenter narrant la soirée d’un adepte de champignons hallucinogènes piégé dans une animalerie mal ventilée où les bestioles deviennent les messagers de l’au-delà. Avec Seth Rogen dans le rôle principal. »
Métaphorique : « Complétant la trinité de sorties du dernier cycle lunaire, cette nouvelle offrande du Sorcier Lézard vous mettra des étoiles dans les esgourdes. Et partout ailleurs. »
Surprises : « Putain, Jean-Jacques ! Un nouvel album de King Gizzard ! Ouais, mec, c’est le troisième ce mois-ci ! Et c’est du jazz ! Avec du piano, et tout ! M’enfin ! J’suis le parrain de ton lézard ! C’est dingue ! »
Partiale : « Avec mon chéri, on aime bien Exploding Suns, ça donne envie de se faire des câlins en apesanteur en écoutant un audiobook sur la diffraction lumineuse. »
Partial : « Ma préférée, c’est Hate Dancin’. Parce que moi non plus, j’aime pas danser. »
Stylisé : « Jazz, funk, space rock, easy listening, lo-fi, expérimental, art rock, rock progressif, pop baroque, dream pop, soul psychédélique. »
Retardataire : « Mince, j’avais pas fait gaffe mais c’est leur troisième album du mois, ça fait déjà presque dix jours qu’il est sorti. J’ai trouvé le premier quart d’heure un peu monotone, comme si c’était un seul morceau. Et puis, les accords des chansons se ressemblent tous un peu. Hein ? Comment ça, c’est le concept ? »
Télégramme : « Gizzard couronné – Lézard sorcifié – Album trois vingt-huit dix deux mille vingt-deux – Ouverture chanson treize minutes – Jazz funk expérimental – Vachement bien – Sans surprise »
Vulgaire : « Et paf, un autre putain d’album pour les mecs du Lézard Machin-Truc. Merde, ça bosse sec, ma parole, ça fait déjà trois skeuds en un mois. Mais ça défonce bien sa mère. Astroturf ? Bordel à cul, qu’est-ce que ça groove… »
Toxicomane : « Sous coke, j’étais persuadé que c’était le dernier Arctic Monkeys. Sous morphine, par contre, j’ai tout de suite reconnu Steve Reich. Je me disais bien. »
Hagrid : « Tu es un sorcier, Lézard. »
Moi, je : « Moi je trouve ça vraiment pas mal. Surtout Short Change, ça me rappelle quand mon père mettait King Crimson dans les enceintes du salon. J’avais aimé les précédents albums, aussi, mais pas tous. Mais bon, ça n’est que mon avis, hein. Je dis ça comme ça, moi. »
Hyperbolique : « Nouveau triomphe créatif du plus grand groupe australien du nouveau millénaire, Changes est une bombe en mode rafale, qui explose si fort que les dimensions parallèles sursautent à chaque détonation. »
Alexandrins : « Un beau matin d’automne, le critique hésita. Ni poète ni maçon, il lui fallait choisir. Pondre un pavé lourdaud sur la sortie du mois ? Oser la rime bancale pour espérer le rire ? Faisons un peu des deux, comprendra qui voudra. C’est dans la découverte que réside le plaisir. »
Mattias Frances