Avec Exilé de l’Aube, Rivière De Corps sème le chaos à coups de claviers cradingues et boites à rythmes dégueulasses… et reboote les cerveaux pour le pire, à travers une tragédie musicale en six actes.
Originaire de Troyes et installé à Strasbourg, Rivière De Corps alias Adrien Clergeot n’en est pas à son coup d’essai. Après Sang et Corne (2018) et Tout est Chaos (2020), sa nouvelle cassette Exilé de L’Aube vient clore la trilogie. Adepte de la saturation, Rivière De Corps propose six nouveaux titres qui s’inscrivent dans une lignée dark où se mêlent sentiments de désespoir et introspection douloureuse. Appelons ça comme on veut – Darkwave ou Dungeonsynth – sa musique, faite de claviers cradingues et boites à rythmes dégueulasses est soumise aux incantations verbales dopées d’effets cicatrisants.
Aux premiers sons et accords de La Cure, nous sommes projetés dans un monde sinistre qui arracherait des larmes à Vladimir Vladimirovitch Poutine. Les synthés se promènent la peur au ventre, une laisse autour du cou et suivent le chant qui profère des histoires dont il vaut mieux ne rien savoir. La Chair Salée, du nom d’un dragon de Troyes répond aux incantations tragiques, des bourdonnements jaillissent pour laisser la construction rythmique et lancinante s’achever à coup de basse wave fantomatique. Interrogatoire sur fond de cliquetis de machine à écrire, la rédemption finie par arriver sur Animal Factice, au son d’une basse synthétique à la ligne mélodique salvatrice, dans la lignée d’un Perturbator aliéné.
Sur L’incident du Sang Vicié, Rivière De Corps maltraite les orgues en une ode aux spectres malfaisants, faite de mélodies sournoises et addictives. Aidé de son pote Cheb Samir sur Diablo, A. Clergeot crée un happening noise aux gimmicks électro dégénérés. Clôturant l’album, Mon Trou plonge l’auditeur dans un abysse d’où viendra la délivrance à coup d’ondes synthétiques.
Rivière De Corps signe là des compositions magnifiquement oppressantes, à découvrir de préférence la nuit dans un bunker.
Mathieu Marmillot