Toujours aussi authentique et réaliste, The Crown continue de fasciner, montrant dans cette avant-dernière saison des personnages de plus en plus en proie au doute et à la solitude au sein d’une famille royale désunie.
Le moral n’est pas au beau fixe pour la reine Élisabeth II dans cette cinquième saison de The Crown. Elle traverse l’une des périodes les plus délicates de son règne, plus particulièrement lors de cette année 1992, considéré comme « Annus Horribilis » lors d’un discours qui fera date. Une année durant laquelle elle a vu l’une de ses demeures partir en fumée, mais également le couple qui forme son fils avec Diana connaître ses dernières heures. Quant à l’opinion publique, elle n’est plus vraiment favorable à la monarchie, considérant, selon un sondage, que la reine est déconnectée du monde et des préoccupations de ses sujets. Bref, tout va mal chez les Windsor.
Pour cette avant-dernière saison imaginée par Peter Morgan – puisque six était prévues au total – , le récit redémarre en 1991 avec, pour la troisième fois, un nouveau casting où l’on voit l’actrice Imelda Staunton dans le rôle de la reine (plus rigide que jamais), Dominique West (trop beau, trop classe, trop smart) dans le rôle du prince Charles, Elizabeth Debicki, magnifique dans le rôle de Diana Spencer, incarnant subtilement toute la mélancolie de cette princesse adulée du public mais si seule au sein de sa famille. À noter l’arrivée de la famille Al Fayel qui va tenir une place centrale dans plusieurs épisodes.
Plus aussi rayonnante et influente que par le passé, Élisabeth II, à l’aube des années 90, incarne une génération dépassée par le nouveau Monde. Le mur de Berlin est tombé, le bloc communiste connait ses dernières heures, le château de Windsor a subi un terrible incendie et la famille royale va devoir réduire son train de vie. Margaret Thatcher a laissé place à John Major, un nouveau ministre jeune et moderne ; et même la multiplication des chaînes de télé perturbe la reine mère qui doit s’en remettre à son petit-fils pour pouvoir trouver son programme favori sur la BBC. Malgré tout, Élisabeth s’accroche, essaye de faire encore bonne figure, d’user de son influence auprès de son fils Charles qui semble de plus en plus pressé de jouer un rôle central au sein de sa famille.
Et si l’ambiance est morose au sein de la monarchie, pour le spectateur, le plaisir reste intact, se régalant une fois de plus devant cette histoire si brillamment construite dont on connait l’issue mais qui par l’intelligence de son récit garde tout son suspense.
L’arrivée de personnages nouveaux, (les Père et Fils Al Fayed) et l’ultra médiatisation de la séparation entre Diana et Charles constituent le cœur de cette saison 5 où, plus que jamais, la fiction s’imbrique remarquablement bien dans le fait historique à travers une mise en scène remarquable. rendez-vous donc dans un peu moins de deux ans pour l’ultime volet de ce ce chef-d’œuvre sériel qu’est The Crown.
Benoît Richard