404 Éditions exhume une vieille production, jadis éditée par Dark Horse, et tirée de la très prolifique imagination de Mike Mignola.
Nous sommes en 1997, Mike Mignola n’est alors connu du grand public français que pour son cher démon Hellboy. Dans cette courte série fantastique, il imagine une équipe associant des durs-à-cuire à des super-héros, un concept qu’il reprendra dans l’excellent BPRD. Il la plonge dans un univers mélangeant joyeusement un venimeux sorcier hyperboréen tiré des chroniques de R. E. Howard, les monstres chers à H. P. Lovecraft et les zombies de G. Romero. J’allais oublier les momies qui ressuscitent bruyamment et volent la vedette aux morts-vivants, une idée reprise à la série culte de films d’Universal de la fin des années 1930.
Les références se veulent horrifiques, mais le ton flirte avec le second degré et l’ensemble ne se prend pas au sérieux. Bien avant le succès de Walking Dead (2005), Mignola pose les fondations d’un édifice enthousiasmant, les morts se réveillent dans le musée des antiquités et se montrent particulièrement agressifs, mais sans véritablement l’exploiter. La série appelait une suite qui n’est, hélas, jamais venue.
Mignola n’a dessiné que les couvertures, pour confier le dessin des trois épisodes à son ami canadien Patrick Mc Eown. Le résultat est original et contrasté. Bien typés, ses personnages tranchent, par leur rondeur et leur bonhommie, avec les créatures habituelles des comics. Leurs visages sont joyeux, du moins quand ils ne crient pas ni ne se battent. Il y a du Hergé et du Yves Chaland dans cet homme. Le travail sur les monstres, tous plus « cthuliens » les uns que les autres, est plus sombre. Mélangeant, là aussi, gaiement les références plus ou moins historiques, ses décors sont souvent magnifiques. Si le voyage est un peu court, du moins le paysage méritait le détour et l’album est joliment édité.
Stéphane de Boysson