Le groupe français Phoenix survole ses contemporains avec une facilité déconcertante sur son nouvel album Alpha Zulu. Il y excelle dans une électro-pop stimulante et aisée, quoique convenue.
Alpha Zulu, le septième album de Phoenix, renoue avec la candeur de Wolfgang Amadeus Phoenix paru en 2009 et qui confirmait leur succès à l’international. Entre temps, deux albums assez inégaux (Bankrupt! en 2013 et Ti Amo en 2018) et la disparition tragique de leur producteur fétiche Philippe Zdar en 2019 ont émaillé la vie du groupe. Alpha Zulu était donc attendu et sans surprise, les versaillais sont restés fidèles au credo électro-pop.
D’évidence, certains titres, dotés d’une production sans faille, placent ce disque parmi les plus aboutis du groupe. Le style, si reconnaissable, combine l’électro FM blindée de mélodies soyeuses avec l’esprit indie pop. S’imaginer dans une capsule et écouter Alpha Zulu n’est qu’aisé. Leur musique très accessible devient intime, voir sécurisante et s’y plonger a tout d’un plaisir coupable.
Le duo avec Ezra Koenig, le chanteur de Vampire Weekend, hisse Tonight au sommet. Ce tube convoque agitation et break enchanteur pour un refrain qui déroule l’impec phrasé rythmique de Thomas Mars. Les synthés 80’s claquent la bise sur le dynamique After Midnight, qu’aurait pu composer The Teenager, quelques arrangements baroques s’emballent dans un vidéogame. Tout comme l’inoffensif Artefact qui, discrètement, flirte avec les clavecins et quelques guitares ingénieuses, alors que sur l’entêtant Identical, Mars tient son monde dans la main, claviers- sirènes aux montées grisantes filant le bonheur parfait avec des guitares sweet Velvet Underground.
Des filtres, un synthé-basse captivant et voila que Winter Solstice plane sans retenue. All Eyes On Me et Season 2 se la jouent facile, en mode Miami Vice vs Bollywood pendant que le très jet set The Only One rivalise avec Alpha Zulu, le refrain le plus incongru mais perspicace. Le très low-fi – dans l’esprit – Elixir contemple les orgues et la réverbération et laisse partir en vrille la guitare comme un pied de nez à la technologie actuelle.
Les quatre gars de Phoenix manient l’humour avec soin et retenu, et survolent leurs contemporains avec une facilité déconcertante.
Mathieu Marmillot
