Le nouveau LP de Nick Garrie sort enfin chez Tapete Records. Album resté inconnu du grand public pendant des années, sa réédition pourrait bien remettre en haut de l’affiche le nom de ce bonhomme si généreux et vivant. Retour sur ce qui a rendu (mé)connu cet artiste russo-écossais.
L’album qui a déjà été enregistré il y a quelques années se voit offrir une réédition, bien qu’il n’ait été écouté que par une poignée de privilégiés. Ce n’est pas la première fois que Nick Garrie connait ce genre de problème. Pour l’occasion de la sortie de cet album, on revient pour vous sur les histoires (assez atypiques) de ce grand de la musique que l’on connait si peu.
Tout part d’un suicide. Celui de Lucien Morisse, le fondateur du label français Disc’Az le 11 septembre 1970. C’était chez Disc’Az qu’aurait dû sortir le premier disque de Nick Garrie : The Nightmare of J.B Stanislas. Lorsque l’album est réédité en 2005, le public découvre un jeune homme plein de malice et une voix qui ne tremble jamais devant les houles mélodiques de son manieur.
Ce disque de rock psychédélique nuageux produit par Eddie Vartan a tout pour s’imposer comme un classique du genre mais Garrie ne connait pas la notoriété qu’il mérite.
Depuis, il a construit une famille, est devenu moniteur de ski, et a même créé sa société de montgolfière, c’est donc ça la vie, la vraie ?
De retour au sol, la musique n’occupe plus une place majeure dans sa vie, mais la rechute n’est jamais loin. Lors d’un voyage au Portugal, une soirée dans une « bodega », sorte de pub dans une cave, offre à Garrie une agréable conversation avec une guitare portugaise devant un parterre de locaux très enthousiastes. La conversation se finira au dernier étage d’un immeuble au Portugal, avec l’enregistrement d’un album : Summer Nights.
La condition de Nick pour enregistrer : garder cette guitare portugaise qui l’avait tant séduit. De cette union naissent 11 morceaux et un album qui, malheureusement, s’est retrouvé sur l’étagère de Nick pendant plusieurs années avant que cette réédition ne sorte ce 9 décembre chez Tapete Records.
Comme le Cauchemar de J.B Stanislas, cette pépite est restée loin des oreilles trop longtemps, mais la comparaison s’arrête là. Ou l’ainé était un nuage de rock psychédélique, barbelé de guitares électriques, Summer Nights est un disque plus simple, plus organique, qui fait la part belle aux talents de chanteur et d’écrivain de Garrie.
Point d’orchestre, le dialogue entre Nick et la guitare parle des nuits d’été, théâtre des jeunes amours naissants, ou des mariages millénaires. Les joies d’une soirée étoilée et l’amertume d’un lever de soleil se confondent dans ce récital mélancolique et follement sentimental qui, sans se donner de grands airs, chantent de grandes mélodies.
Garrie déclarera que Love in my Eyes a été la chanson de son mariage, et elle sera probablement celle du mariage de beaucoup de personnes si les envolées de Garrie trouvent un auditoire avisé !
Rayhan Arrar