En 1984, la formation new wave de Nancy, OTO, dynamitait les convenances avec leur premier maxi 45 tours Anyway. L’objet est enfin réédité par l’entremise du label messin Replica records.
En trois titres, les trois musiciens d’OTO avaient tout dit. Enfin presque. Et Gérard Nguyen, grand ordonnateur du rock protéiforme Nancéien, l’avait parfaitement compris en acceptant de produire leur premier maxi 45t sur son label Les Disques du Soleil et de l’Acier (DSA). À l’époque, la ville tirait son épingle du jeu grâce à d’excellents disquaires qui n’hésitaient pas à se muer en label indépendant. La Parenthèse, Punk Records qui produisit les locaux Kas Product ou les Strasbourgeois Nec+Ultra ou encore Wave qui lança DSA sur lequel on trouvait Dick Tracy, Pascal Comelade ou OTO.
Et justement, le premier maxi de OTO, Anyway, est devenu un classique électro punk qui trouve sa source du côté de Charles De Goal, D Stop ou… Kas Product. La boîte à rythmes TR 808 et les synthétiseurs typés cold se frottent à la guitare barrée et assez expérimentale de Farid Dahla dit « Le Faf » qui assume aussi le chant grave comme il faut. Pascal Hubert dit « Le Pasc » et Francois Rousseau dit « Le Jo » se partagent les synthétiseurs et la programmation.
S‘affranchir des stéréotypes, voici le leitmotiv d’Oto. Sur Bats, une basse à la Mick Carn de Japan télescope un chant princier, voix de tête en avant, au gré d’un vent artificiel émanant du Korg, avant l’intervention hors sol d’une guitare plus inspirée par le jeu de Keith Levene que de celui de Mark Knopfler.
OTO renoue aussi avec une sorte de rockabilly électro popularisé par Sigue Sigue Sputnik ou Westworld quelques années plus tard. Avec ce dernier titre du maxi, Bad Boy provoque hoquet et claquement de doigts pendant que les creepers arrondies tapent le tempo avec entrain.
En trois titres, OTO pulvérise les clichés. Le groupe sortira deux albums puis se séparera en 1986… pour donner naissance à Double Nelson, mais c’est encore une autre histoire.
Mathieu Marmillot