Une nouvelle série de comics indépendants revisite l’univers, trop marqueté, des franchises américaines de super-héros. Pour ce second tome, les frères Roy et Inaki Miranda associent toujours jeunes héros, apocalypse et imagination débridée.
Inaki Miranda est un virtuose de la mise en page. Chacune de ses doubles pages réserve son lot de surprises. Ses efforts ne sont jamais gratuits, mais mis au bénéfice de l’action. Sous sa plume, tout bouge, tout éclate et tout meurt. Miranda est aussi un excellent coloriste, qui varie avec talent les ambiances et les tonalités. Si son trait est plus classique, ses personnages sont expressifs. Les attitudes de ses super-héros et l’originalité des tenues et des armures magnifient leur surhumaine puissance. Seul regret, l’extraordinaire faune mutante, l’héroïne malfaisante du premier tome, est moins visible.
Les frères Miranda ne nous ménagent pas. Tout entiers pris dans leur création d’univers, ils ne font guère de concessions scénaristiques. L’action est objectivement peu lisible. Nous apprenons incidemment qu’elle se situe six années après celle du volume précédent. Nous ne saurons rien de ce qui a pu se passer entretemps, si ce n’est que les gamins ont grandi.
Dans le premier tome, le lecteur fasciné se voyait confronté à l’extinction de l’humanité et à une opération survie d’origine, semble-t-il, extra-terrestre. La narration était éclatée entre diverses histoires qui convergeaient vers une résolution explosive et finale. Les auteurs ne craignaient pas de surprendre leur lectorat en laissant mourir la plupart de leurs personnages. Le second tome reprend la même architecture. L’apocalypse menace à nouveau et le scénario se scinde entre plusieurs sous-histoires. Nous assistons à un combat désespéré des cinq Palladions pour rétablir un semblant d’ordre, à une tentative de sortie des humains de la mégalopole assiégée, à un défi posé à Alice et Humbo, et à des flash-backs centrés sur les survivants du premier tome, Tala et Hototo. Le garçonnet qui rêvait de devenir un super-héros pourrait bien le devenir.
L’affection entre les enfants est bien décrite et touchante. Pressentant que le temps risque de lui manquer, la jeune fille tente de rassurer son petit frère, lui transmettant l’amour de leurs parents disparus. Plus surprenant pour un récit de super-héros, les personnages principaux se remettent à tomber comme des mouches. Si le récit y gagne en réalisme – la guerre tue –, il ne facilite pas l’identification des lecteurs avec les héros. Les premiers chapitres semblent partir dans tous les sens, les ellipses sont trop nombreuses et les rares explications souvent absconses, mais, petit à petit, tel un tableau impressionniste, la multitude de tâches de couleur prend un sens. Les réponses à nos questions seront probablement fournies dans la suite.
Stéphane de Boysson
We Live 2 : L’Ère des Palladions
Scénario : Roy et Inaki Miranda
Dessin : Inaki Miranda
Éditeur : 404 Comics
160 pages – 16,90 €
Parution : 10 novembre 2022
We Live 2 — Extrait :