Pas de déception pour la seconde saison de Slow Horses, qui poursuit dans la même voie que la première, en approfondissant ses savoureux personnages, et qui réussit une fois encore à éviter la plupart des clichés du genre.
Huit mois seulement après une excellente première saison, qui avait positionné Slow Horses en pole position de toutes ces séries d’espionnage qui prolifèrent en ce moment, Apple TV+ nous gratifie déjà d’une seconde bordée de six épisodes (le format britannique standard pour les séries…). On retrouve donc avec délectation l’immense Gary Oldman, avec son manteau dégoûtant et son absence d’hygiène insupportable, mais surtout cet humour d’une méchanceté radicale qui dissimule une intelligence affûtée, et son équipe de branquignols, d’espions déclassés et unanimement méprisés.
Après l’extrême-droite dans la première saison, c’est – sujet à la mode – le grand retour de la Russie de la guerre froide qui est au cœur de cette nouvelle histoire : des espions dormants depuis des années dans la société anglaise sont « réveillés » par le FSB pour intervenir dans une action intentée par Moscou contre l’un de ces oligarches russes dont on parle tant. Leur plan inclut une manipulation à grande échelle du système de défense britannique, mais aussi un règlement de compte des plus personnels avec Jackson Lamb (Gary Oldman, donc).
Tout ce qu’on attend quand les grands méchants russes sont impliqués est bel et bien là – la brutalité, la vodka, les méthodes perverses pour éliminer les opposants -, mais le scénario fait aussi la part belle aux arrangements personnels entre services secrets et hommes politiques, tout en ménageant quelques moments émotionnels autour de victimes de ce conflit sous-terrain mais impitoyable. Par rapport à la première saison, sans doute parce qu’on apprend à les connaître, les membres de Slough House gagnent en complexité et en profondeur, ce qui fait qu’on ses soucie plus de ce qui leur arrive. Lamb lui-même, personnellement impliqué dans l’affaire, dépasse le stade de la pure méchanceté et des vannes cruelles pour laisser apparaître des failles qui l’humanisent… Mais cet aspect « sentimental », rassurons-nous, est toujours dispensé à doses homéopathiques, sans réelle dérive vers les bons sentiments « à l’américaine ».
On appréciera aussi qu’une partie de cette traque aux espions, qui nous vaut cette fois des scènes spectaculaires de panique dans les rues de la capitale, se déroule aussi dans une riante campagne anglaise qui dissimule bien des secrets, ce qui nous change de l’éternel skyline moderniste de Londres : il y a là comme un flashback – mais c’est sans doute seulement nous qui y pensons – vers les fameuses 39 marches de John Buchan, et c’est clairement une piste à creuser pour la suite.
Il faut enfin souligner que Slow Horses est l’adaptation de la série de romans d’espionnage Jackson Lamb (Slough House de l’autre côté du Channel), de l’écrivain britannique Mick Herron : c’est important car on compte en Grande-Bretagne neuf volumes déjà parus, dont la plupart ne sont pas traduits en français… Ce qui nous laisse présager de nombreuses saisons, le troisième étant déjà apparemment bien avancée.